Le temps n’a plus d’aîles pour moi ;
Ce vieillard, à pas lents s’avance :
Mes jours s’envoloient près de toi ;
Ils se traînent dans ton absence.
Le soleil ralentit son cours :
Je vois sans cesse la journée,
Où tu partis environnée
Par le cortège des amours.
Les uns, veillant à la portière,
Baissoient les stors officieux,
Pour...
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Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.Entre nos cœurs tant de distance !
Tant d’espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !D’ici là-bas, que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et... -
Un morne silence
Règne en ton réduit :
L'heure en ton absence
S'y traîne, et languit.
Tandis qu'infidèle,
Tu cours où t'appelle
Le char du plaisir,
Moi, sombre et farouche,
Au pied de ta couche
Je reviens gémir.
L'horloge inactive
Dans l'oubli s'endort.
Sa roue est oisive,
Son pendule est mort.
... -
L’absence a fait son œuvre et quand l’ai revue
Elle m’a regardé sans douleur ni remords,
Et j’ai cru la sentir, cette calme statue,
S’asseoir sur le tombeau de mon bel amour mort.Et quand, pour la reprendre à des ressouvenances,
J’ai voulu lui parler des bonheurs d’autrefois,
Son cœur fut comme un puits aux vagues résonances
Où bientôt se... -
À M. F. Barrière.LE FILS.
Mère, te souvient-il que nos vieux sapins verts
Berçaient au vent du nord leurs grands festons de neige
Quand mon père est parti (voilà bien des hivers !)
Pour les pays lointains ? Bientôt l’embrasse rai- je ?LA MÈRE.
Je l’ignore, mon fils.
LE FILS.
... -
À ma sœur Marie.I
Le soir, quand je m’en vais tout seul le long des rues,
Vers les faubourgs, pour voir le soleil se coucher.
Je sens autour de moi mes deux sœurs disparues
Comme des oiseaux blancs autour d’un noir clocher.Et j’en rêve avec plus de tendresse et de force,
Car le temps ne peut rien si le culte est... -
Absinthe, je t’adore, certes !
Il me semble, quand je te bois,
Humer l’âme des jeunes bois,
Pendant la belle saison verte !Ton frais parfum me déconcerte.
Et dans ton opale je vois
Des cieux habités autrefois,
Comme par une porte ouverte.Qu’importe, ô recours des maudits
Que tu sois un vain paradis,
Si tu contentes mon envie ;... -
Dieu ! que la France est vaine
Auprès de ces pays !
Et je comprends sans peine
Qu’on les ait envahis.
Les mœurs et les usages
Y sont cent fois plus sages
Que chez nous, Blancs-Visages,
Qu’ils nomment les Oui-ouis.Là-bas, le mariage
Me paraît, dès l’abord,
Offrir un avantage,
Et que je prise fort :La loi s’y trouvant...
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Dix centimètres ! quelle cuite !
Pourquoi pas trente, tout de suite ?
Pauvre cobaye ! dont la fin
Est de servir l’expérience
De ces messieurs de la science,
Avec son frère le lapin.Mais, ô savant, que je respecte,
Sache bien que je m’en injecte
Relativement moins. Ainsi,
C’est donc comme si moi bélître,
Il me fallait en boire un... -
Dieu ! quelle belle Académie
Sera celle de ces gourmets,
Si, comme je n’en doute mie,
Elle doit se fonder jamais !L’ancienne étant un modèle,
Dans son genre, l’on peut gager
Qu’ils sauront se pénétrer d’elle,
Sauf à quelques détails changer.Avant toute chose, on présume
Que de nos quarante immortels
Ils laisseront là le costume,...