Dieu ! quelle belle Académie
Sera celle de ces gourmets,
Si, comme je n’en doute mie,
Elle doit se fonder jamais !
L’ancienne étant un modèle,
Dans son genre, l’on peut gager
Qu’ils sauront se pénétrer d’elle,
Sauf à quelques détails changer.
Avant toute chose, on présume
Que de nos quarante immortels
Ils laisseront là le costume,
Pour rester habillés tels quels.
Au lieu d’un glaive pacifique,
Donc inutile, ipso facto,
D’une fourchette plus pratique
Ils se ceindront, et d’un couteau
Ils feront un dictionnaire
À l’instar… c’est tout indiqué,
Qui, pour n’être que culinaire,
N’en sera pas moins pratiqué.
Ils auront, en leur Athénée,
À donner des prix Monthyon,
Par exemple… à qui, dans l’année
Fut le meilleur amphitryon.
C’est une vertu comme une autre,
Après tout, de bien recevoir ;
Est-ce votre avis ? C’est le nôtre,
Je dirai plus, c’est un devoir.
Ils récompenseront de même
Les maîtres-queux, les cordons bleus,
Inventeurs de ragoûts suprêmes,
De quelque plat miraculeux.
Un jour ou l’autre, une vacance
Peut se produire dans leurs rangs.
Ils se trouvent donc en présence
De deux ou plusieurs concurrents.
Or, que fait notre aréopage ?
Il va dîner chez chacun d’eux,
Et puis, il donne son suffrage
À qui l’aura traité le mieux.
En un déjeuner dînatoire
Supérieurement conçu,
— Disons même « dodinatoire »
L’heureux élu sera reçu,
Avec les honneurs de la table,
Et sans eau claire et sans discours,
Un vin, pour peu qu’il soit sortable,
Étant plus éloquent toujours.
Ces gastronomiques séances
Attireront le Tout-Paris,
Plus qu’aucune autre, car tu penses !
Les invités seront nourris.