• Viens vivre avec moi, viens sois mes amours,
    Et nous goûterons plaisirs tous les jours,
    Que peuvent donner bosquets ou vallées
    Ou monts escarpés, ou bois ou feuillées;

    Nous nous assiérons au pic des rochers,
    Et lors nous verrons de loin les bergers,
    À leurs beaux troupeaux donner la pâture
    Et les doux oiseaux chanter la nature.

    Et je te ferai...

  • Tandis qu'autour de nous la Nature se dore
    Ivre de fleurs, d'amour et de clartés d'aurore,
    Et que tout s'embellit de rayons souriants,
    Les chercheurs, les penseurs, les esprits, les voyants,
    Les sages, dont la main croit à ce qu'elle touche,
    Tiennent dans leur compas l'immensité farouche,
    Et disent : Ce berger, que vous appelez Dieu,
    N'existe pas. Là-...

  • A M. L’ABBÉ DELILLE.

    O toi, dont la touchante et sublime harmonie
    Charme toujours l’oreille en attachant le cœur,
    Digne rival, souvent vainqueur,
    ...

  • C’est moi qui suis Dragon, le chien de ce troupeau
    Et Guillot, le pasteur, ce gars de piètre mine
    Qui le long des sillons clopin-clopant chemine,
    Malgré son manteau jaune et malgré son chapeau,

    Est moins berger que moi qui n’ai rien que ma peau.
    Il me laisse pourtant ronger par la vermine
    Et je déserterais, poussé par la famine,
    Si je n’étais...

  •  
    LE BERGER.

    Étoile du berger, si tu voulais m’entendre,
    Toi qui brilles là-haut comme un pur diamant ;
    Où mon œil n’atteint pas, ton regard peut descendre.
    Par cette belle nuit tu verras clairement…

    L’ÉTOILE.

    Je vois plusieurs pays… Lequel regarderai-je ?

    LE BERGER.

    Le pays au delà des étangs.

    L’ÉTOILE....

  • S’IL est une heure douce entre toutes les heures,
    Une heure où rien d’amer en vous ne soit resté,
    Où les choses qu’on aime apparaissent meilleures,
    Où l’on arrive à Dieu par la félicité ;

    C’est quand la bien-aimée, entre vos bras étreinte,
    Ne voulant rien encor, mais près de tout vouloir,
    Répondant au désir par une douce plainte,
    Pensive, en s’en...

  • Un calme soir caresse au loin les belles plaines ;
    L'Étoile du Berger, au fond du ciel d'été,
    Comme un signe de gloire et de félicité
    Resplendit sur les prés et sur les granges pleines.

    Grande et droite sous le fardeau des lourdes gerbes,
    Une fille aux pieds nus, d'un pas robuste et lent,
    S'avance dans les champs silencieux, foulant
    Les ronces et...

  • Poésie ! ô trésor ! perle de la pensée !
    Les tumultes du coeur, comme ceux de la mer,
    Ne sauraient empêcher ta robe nuancée
    D'amasser les couleurs qui doivent te former.
    Mais sitôt qu'il te voit briller sur un front mâle,
    Troublé de ta lueur mystérieuse et pâle,
    Le vulgaire effrayé commence à blasphémer.

    Le pur enthousiasme est craint des faibles âmes...

  • A Eva

    Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,
    Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
    Portant comme le mien, sur son aile asservie,
    Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
    S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
    S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
    Eclairer pour lui seul l'horizon effacé ;

    Si ton âme...

  • Eva, qui donc es-tu ? Sais-tu bien ta nature ?
    Sais-tu quel est ici ton but et ton devoir ?
    Sais-tu que, pour punit l'homme, sa créature,
    D'avoir porté la main sur l'arbre du savoir,
    Dieu permit qu'avant tout, de l'amour de soi-même
    En tout temps, à tout âge, il fît son bien suprême,
    Tourmenté de s'aimer, tourmenté de se voir ?

    Mais si Dieu près...