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        Les quatre Vents ont ri dans le ciel du matin,
        Puis leur humeur étant changeante, une querelle
        S’est élevée entre eux. Et la femme autour d’elle
        Vit s’abattre en riant le courroux du destin.

        Les quatre Vents on ri dans le ciel de l’aurore
        D’un grand rire pareil aux désespoirs fervents.
        Avez-vous entendu le bruit des...

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    Vous n’avez point voulu m’écouter… mais qu’importe ?
    O vous dont le courroux vertueux s’échauffa
    Lorsque j’osai venir frapper à votre porte,
    Vous ne cueillerez point les roses de Psappha.

    Vous ne verrez jamais les jardins et les berges
    Où résonna l’accord puissant de son paktis,
    Et vous n’entendrez point le chœur sacré des vierges,
    Ni l’hymne...

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    J’étais hier la voyageuse solitaire.
    J’allais, portant au cœur une âpre anxiété…
    J’avais besoin de toi comme d’un flot d’été,
    D’un flot purifiant où l’on se désaltère.

    Aujourd’hui, mon silence a des bonheurs pensifs.
    O très chère ! et mon âme est une coupe pleine,
    Le monde est beau comme un verger de Mytilène :
    Je ne crains plus le soir qui...

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        Protectrice de ce qui s’efface et qui fuit,
        Souveraine des bois, des sommets et des rives,
        Toi qui prêtes un songe illusoire aux captives
        Que le malheur inné de leur race poursuit,

        Toi dont le regard froid et mystique traduit
        Le pâle amour de nos âmes contemplatives,
        Toi qui fais miroiter l’argent vert des olives,...

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    De la nuit chaotique un cri d’horreur s’exhale.
    Venez, nous errerons tous trois sous la rafale…

    Les gouffres lanceront vers nous leurs noirs appels.
    Nous passerons, ô mes compagnons éternels !

    L’éclair nous épouvante et la nuit nous désole…
    O vieux Lear, comme toi je suis errante et folle,

    Et ceux de ma famille et ceux de mes amis
    M’ont...

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            Sous un ciel ambigu, l’olivier et l’acanthe
            Mêlent subtilement leurs frissons bleus et verts,
            Et dans l’ombre fleurit, comme un songe pervers,
            L’harmonieux baiser de l’amante à l’amante.

            Les cheveux aux bruns roux d’automne et d’amarante
            Et les pâles cheveux plus blonds que les hivers
            ...

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    Voici l’heure amoureuse où chante la Sirène…
    Les souvenirs sont des grappes que l’on égrène.

    Le silence est pareil à l’écho d’une voix,
    Et je me tourne, avec les regards d’autrefois,

    Vers celles qu’aujourd’hui mon baiser importune,
    Celle qui fut ma Loreley, ma fleur de lune.

    Pendant le jour je puis l’oublier, mais la nuit,
    Très blonde, elle...

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    Vois, tandis que gauchit la bruine sournoise,
    Les nuages pareils à des chauves-souris,
    Et là-bas, gris et bleu sous les cieux bleus et gris,
    Ruisseler le reflet pluvieux de l’ardoise.

    O mon divin Tourment, dans tes yeux bleus et gris
    S’aiguise et se ternit le reflet de l’ardoise.
    Tes longs doigts, où sommeille une étrange turquoise,
    Ont pour...

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    Les nuages flottants déroulaient leur écharpe
    Dans le ciel pur, de la couleur des fleurs de lin.
    J’étais fervente et jeune et j’avais une harpe.
    Le monde se paraît, suave et féminin.

    Dans la forêt, des gris violets d’amarante
    Réjouissaient mes yeux larges ouverts. J’entendais
    Rire en moi, comme au fond d’un passé, l’âme errante
    Et le cœur...

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            Pour moi ce qu’on désire
            Je l’ai méprisé.
            Sappho

        Pour moi, ni l’amour triomphant, ni la gloire,
        Ni le souffle vain d’hommages superflus.
        Mais la paix d’un coin dans une maison noire
        Où l’on n’aime plus.

        Je sais qu’ici-bas jamais rien ne fut juste,
        Je fus...