Ce n’est pas seulement de la flamme & de l’air
Qui montent du foyer en légères fumées,
Lorsqu’au rayonnement des bûches allumées
On rêve devant l’âtre où pétille un feu clair.

Ce n’est pas sous le tas des braises consumées
Qu’à la fin les chenets s’en vont...

C’est une heure d’angoisse indicible, que l’heure
Où, las de nos désirs sans cesse démentis,
Nous voulons, maudissant la vie extérieure,
Rentrer dans l’idéal d’où nous étions sortis.

Car, désaccoutumés par notre ingratitude
Des charmes de l’idée & de l’amour...

Battu des vents, fouetté des eaux, la face ouverte
Par la foudre, voué par l’Église à l’Enfer,
Le Men-Hir des Kimris, sur la lande déserte,
Comme un géant vaincu, chancelle aux nuits d’hiver.

Maudit aussi, tordu, mais la tête encor verte,
Le chêne des Bretons,...

Je veux chanter ma ballade à mon tour !
O Poésie, ô ma mère mourante,
Comme tes fils t’aimaient d’un grand amour,
Dans ce Paris, en Tan mil huit cent trente !
Pour eux les docks, l’autrichien, la rente.
Les mots de Bourse étaient du pur hébreu ;
Enfant divin,...

Les vieux hôtels qu’avaient respectés les années
Sous les coups des maçons tombent de toutes parts.
Ils gisent sur le sol, & leurs débris épars
Ont l’aspect douloureux des choses ruinées.

Comme leurs habitants ils ont leurs destinées ;
Leurs murs, que...

Poet: Gabriel Marc

Quand j’aperçus tes yeux pour la première fois,
Non, je n’aperçus pas une chose charnelle ;
Et de toi j’attendis cette paix éternelle
Qui semble un but sacré que dans l’azur je vois.

De la beauté d’un jour mon âme fuit les lois,
Vers le libre zénith montant à...

Toi qui vis au dedans d’une chair vulnérable,
En butte à l’ennemi que tu veux protéger,
Ô pauvre âme, pourquoi rechercher le danger
Et te rendre toi-même abjecte & misérable ?

Ayant avec la vie un bail si peu durable,
Pourquoi parer un corps qui n’est qu’un...

Aux hommes de mon temps je rêve un cœur hanté
Par quelque grand projet d’envergure superbe,
Tel que les bons géants qui sommeillent sous l’herbe
En concevaient aux temps féconds de l’équité.

Et, prenant mon désir pour la réalité,
Comme à Lazare mort un jour parla...

Ses cheveux sont rougis d’un flot de sang vermeil ;
De ses lèvres en fleur s’envole un dernier râle ;
Ainsi qu’un lis fauché, le jeune héros pâle
Dort, sur des étendards, de l’éternel sommeil.

Le chapelain, de l’âme évoquant le réveil,
Devant le trépassé chante de...

Je porte en moi l’âme du Monde,
L’âme du magnifique & vivant Univers,
Ame mobile, âme féconde
Où des...