Théophile Gautier

  • Quand je fis connaissance avec votre famille,
    À Marbœuf, au jardin de son cèdre si fier
    (Ce souvenir pour moi semble dater d’hier),
    Madame, vous n’étiez qu’une petite fille.

    Je revins ; vous grimpiez encor sur les genoux,
    Mais déjà dans votre œil brillait un feu...

  • Ami, vous avez beau, dans votre austérité,
    N’estimer chaque objet que par l’utilité,
    Demander tout d’abord à quoi tendent les choses
    Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ;
    Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun
    Comme l’aiguille au nord faire tourner...

  • Tes prunes, fruits d’amphithéâtre,
    Semblent les fœtus des bocaux
    Pendus dans l’alcool verdâtre
    Par leurs cordons ombilicaux.

  • DERNIERS VERS DE NOURRIT

    Le cygne, lorsqu’il sent venir l’heure suprême,
                    En chants mélodieux
    À la blonde lumiêre, au beau fleuve qu’il aime,...

  • Les parfums les plus doux et les plus belles fleurs
    Perdoient en un instant leurs charmantes odeurs;
    Tous ces mets savoureux dont je chargeois ma table
    Ne m’ont jamais offerts qu’un plaisir peu durable,
    Oublié le jour même et suivi de regrets.
    Mais de ces...

  • Par une nuit d’été, quand le ciel est d’azur,
    Souvent un feu follet sort du marais impur.
    Le passant qui le voit le prend pour la lumière
    Qui scintille aux carreaux lointains d’une chaumière ;
    Vers le fanal perfide il s’avance à grands pas,
    Tout joyeux ; et bientôt...

  • Merci du cachet, merci du papier,
    De la cire rouge et des plumes d’oie,
    J’ai reçu le tout avec grande joie
    Et j’irai ce soir te remercier.

    Mais, en attendant, je veux gribouiller
    Sur le bleu cream-laid ces vers que je ploie
    Dans une enveloppe, et que je t’...

  • Le charmant cadeau ! cachet et papier,
    Cire de London, canif, plumes d’oie,
    Plumes de Perry dont le bec flamboie !
    Comment, cher ami, te remercier !

    Mais en attendant je veux gribouiller
    Ce petit sonnet qu’en hâte je ploie
    Dans une enveloppe, et que je t’...

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    À MADAME MARGUERITE DARDENNE DE LA GRANGERIE

    Il est, dans la légende, une vierge martyre,
    Qui mène en laisse une hydre aux tortueux replis.
    Près d’une roue à dents, tenant au main un lis,
    L’Ange d’Urbin l’a peinte, et le monde l’admire.

    ...

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    À MADAME MARGUERITE DARDENNE DE LA GRANGERIE

    Les poètes chinois, épris des anciens rites,
    Ainsi que Li-Tai-Pé, quand il faisait des vers,
    Placent sur leur pupitre un pot de marguerites
    Dans leurs disques montrant l’or de leurs cœurs ouverts....