La Vieille romance

 
Connais-tu la romance
Qui fait toujours pleurer,
Que le cœur recommence
Sans se désespérer ?

Carl aimait Madeleine :
Il eût baisé ses pas ;
Il buvait son haleine :
— Elle ne l’aimait pas.

Elle aimait un beau pâtre
Qui passait sans la voir ;
Et souvent, près de l’âtre,
Elle pleurait le soir.

Le pâtre en la vallée
Avait mis son amour ;
Son âme désolée
Gémissait nuit et jour ;

Car son amour immense
N’était pas partagé,
Et parfois la démence
Brûlait son sang figé.

Et tous, pâles et sombres,
Ils allaient par les champs.
Quand la nuit met ses ombres
Sur les coteaux penchants ;

Ils erraient, solitaires,
Sans oser espérer ;
Et les chênes austères
Les regardaient pleurer.

Et quand la mort sordide
A leurs yeux vint s’offrir,
Chacun croyait, candide,
Être seul à souffrir.

Oh ! la vieille romance
Qui fait toujours pleurer ;
Que le cœur recommence
Sans se désespérer.

Collection: 
1850

More from Poet

  •  
    Connais-tu la romance
    Qui fait toujours pleurer,
    Que le cœur recommence
    Sans se désespérer ?

    Carl aimait Madeleine :
    Il eût baisé ses pas ;
    Il buvait son haleine :
    — Elle ne l’aimait pas.

    Elle aimait un beau pâtre
    Qui passait sans...

  •  
    I

    Voyager ! voyager !
    Sur un sol étranger
    A travers le danger
    Promener, libre et seul, sa vie aventureuse ;
    Près des vieux matelots,
    Écouter les grands flots
    A côté des îlots
    Chanter pendant la nuit sous la lune amoureuse.

    Au fond d...

  •  
    Il existe un poète aux odes insondées,
    Plus vaste que les cieux, plus grand que l’infini ;
    Son cœur est l’océan où naissent les idées,
    L’univers à genoux chante son nom béni.

    Son regard rajeunit les croyances ridées ;
    Il sculpte au cœur humain l’espoir dans...

  •  
    O poëte niais ! pauvre arrangeur de rimes,
    Tu veux chanter, dis-tu, mais qui t’écoutera ?
    Eh ! les vers aujourd’hui se débitent en primes ;
    On en fait à la toise et nul ne les lira.

  •  
    I

    Je rêvais cette nuit
    A peu près vers minuit
    Que j’étais étendu mort, au fond d’une tombe,
    Et que ce froid brouillard qui, des monts, la nuit, tombe,
    Étendait sur le sol
    Son brumeux parasol ;

    II

    Quelques fleurs désolées
    ...