Un jour un prince allemand
Fit abattre un bois de chênes
Qui couvrait, sombre et dormant,
Quelques collines prochaines.
Et des arbres qu’abattit
L’ingrate et sourde cognée,
On dit qu’alors il sortit
Comme une voix éloignée :
Prends garde, prince allemand ;
Malgré ta nombreuse garde,
Nous nous vengeons sûrement ;
O prince allemand, prends garde !
Le prince en passant sourit.
Peu de temps après la guerre
Où même son fils périt,
Sous un prétexte vulgaire
Ensanglanta sa cité,
Et fit passer la couronne,
De son front déshérité,
Sur le fils d’une baronne.
Il fut à mort condamné,
Et conduit, une nuit sombre,
A l’échafaud, enchaîné :
Et nul ne priait dans l’ombre.
A la lueur d’un fallot
Il vit, en portant sa chaîne,
Que l’estrade et le billot,
Tout était en bois de chêne.