Étienne Eggis

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    I

    Les pelouses des cieux où chantent les étoiles,
    Paisibles, s’endormaient aux genoux de la nuit,
    Le crépuscule humide épandait ses longs voiles
    Sur le front des forêts qui pleuraient leur ennui :
    J’étais au pied d’un mont et les rumeurs des villes
    M’...

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    I

    Oh ! si quelqu’un l’aimait ! — De son âme ulcérée
    Un baiser éteindrait la voix désespérée
    Et l’amer souvenir ;

    Oh ! si quelqu’un l’aimait ! — Ses lâches défaillances
    Reviendraient boire aux flots des divines croyances
    Que rien ne peut ternir ;...

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    I

    Beaux vallons inconnus,
    Des bois onde bruyante
    Où l’ondine fuyante
    Baigne ses beaux pieds nus ;

    Dans les mousses cachées
    Comme un bonheur secret,
    Sources de la forêt
    Des amants recherchées ;

    O ravins murmurants,
    Près des...

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    Quand j’avais dix-huit ans je croyais que les grès
    Qu’un peuple jette aux rois cimentent le progrès ;
    Je croyais qu’il est beau, sur la place publique,
    De crier, l’arme au poing : Vive la République !
    J’aurais voulu mourir dans ma naïveté
    Pour la démocratie...

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    Me tuer ? — J’aime mieux, en cachant mon ulcère,
    Au travers des humains que le destin lacère,
    Poursuivre mon chemin le scepticisme au cœur,
    Et jeter aux passants mon sourire moqueur.

    Le globe où pleure et rit la comédie humaine
    Vaut bien jusqu’à la fin, ma...

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    La mer a ses flots et ses perles ;
    Le ciel a le soleil et Dieu ;
    Les forets leur mousse et leurs merles,
    Et mon ange a son grand œil bleu.

    Moi, rimeur, je n’ai qu’une harpe
    Pleine d’une vague langueur ;
    J’ai pour la suspendre une écharpe,
    Et je...

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    Hourrah !
    Mes tempes ruissellent,
    Mes yeux étincellent.
    Mes jambes chancellent.

    Hourrah !
    L’ivresse s’augmente,
    La bière écumante
    Dans les brocs fermente.

    Hourrah !
    Près de moi tout roule,
    Et le vent enroule
    Le plafond...

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    I

    Je me rappelle avoir autrefois en Bavière,
    A la porte d’un bourg que baigne une rivière,
    Rencontré sur ma route un chanteur ambulant
    Qui suivait l’eau d’un pas mélancolique et lent ;
    Il portait sur l’épaule une harpe ternie,
    Dont chacun de ses pas...

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    Dans les vastes forêts de la vieille Allemagne
    Que nivela jadis le doigt de Charlemagne,
    Je me rappelle avoir entendu bien souvent
    Une vieille ballade au refrain émouvant.
    Ce chant nerveux et doux, de date séculaire,
    Éclos dans le grand front d’un rimeur...

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    Eh bien ! mon cher lecteur, comment me trouvez-vous ?
    D’être lu jusqu’au bout me jugez-vous indigne ?
    Les plus sages, mon Dieu ! sont souvent les plus fous,
    Et Kant sans déroger peut pêcher à la ligne.

    Et puis, qui trop pleura, — ceci dit entre nous, —
    ...