•  
    Comme le vent du nord emporte les oiseaux
    Par delà les grands monts, les forêts et les eaux,
    Bien souvent, dans le siècle en délire où nous sommes,
    Un souffle irrésistible entraîne au loin les hommes,
    Jetant sur tous les bords leurs groupes dispersés.

    Ce souffle impétueux, frères, vous a poussés
    Hors des champs arrosés par le sang de vos pères ;...

  •  
    Les dons sont variés ; et chacun a des grâces
    Pour suivre avec attrait, en discernant ses traces,
    Saint Paul impétueux ou l’ermite en repos,
    L’apôtre des gentils ou l’aigle de Pathmos.
    Chaque ouvrier chrétien, accomplissant sa tâche,
    A la gloire de Dieu travaille sans relâche,
    Par le glaive et la plume, également tranchants,
    Par le zèle...

  •  
    Indépendance et liberté !

    Non, non ! nous n’avons pas chassé le vieux Guillaume
    Après quinze ans de lutte et trois jours de combats,
    Pour voir, libre et vivant, notre jeune royaume
    S’engloutir à jamais au sein de vos États,
    Et nous faire atteler au char d’une Euménide
    Qui, par de menaçants et d’odieux dédains,
    Prélude, en plein...

  •  
    Tant que vous marcherez sous le soleil des plaines,
    Par les mauvais chemins poussant les lourds canons,
    O frères, dont les rois ne savent pas les noms,
    Et qui ne savez rien de leurs subtiles haines ;

    Tant qu’au hasard frappés par les armes lointaines
    Ou parmi la mêlée aveugle et sans pardons,
    Vous mourrez dans l’horreur de tous les abandons,
    ...

  •  
    Lorsque durant l’hiver, dans les soirs de tempêtes,
    Sur l’oreiller moelleux posant vos blondes têtes,
    Vous fermez vos grands yeux aux terrestres clartés,
    Ne songez-vous jamais, enfants joyeux et roses,
    Auxquels le ciel clément prodigue toutes choses,
    A ceux qu’il a laissés seuls et déshérités ?

    Et tandis qu’au-dessus de votre couche blanche,
    ...

  •  
    En fait de postiche fantasque,
    Et de déguisement joyeux,
    L'âge me poudre les cheveux,
    Et les rides m'ont mis un masque.

    Mais, bien que vieux et maladif
    J'aime les jeunes gens, et j'aime
    Qu'ils célèbrent la Mi-Carême,
    Comme la bon peuple naïf.

    Oui, malgré mes bronches tousseuses,
    J'approuve, sans craindre l'Index,
    Que,...

  • Et vous, l'ancienne esclave à la caresse amère,
    Vous le bétail des temps antiques et charnels,
    Vous, femmes, dont Jésus fit la Vierge et la Mère,
    D'après Celle qui porte en ses yeux maternels
    Le reflet le plus grand des rayons éternels,

    Aimez ces grands enfants pendus à votre robe,
    Les hommes, dont la lèvre est ivre encore du lait
    De vos mamelles d'...

  •  

    Fleurs des bois, fleurs des prés, fleurs aux formes parfaites,
    Quelle peine sincère, en ce mois, vous nous faites !
    Vos coupes de parfums, vos vases de couleurs,
    Vos calices de miel, vos corolles de pleurs,
    Vos feuillages luisants, vos tiges élancées
    Harmonieusement par la brise bercées,
    Rien de votre beauté frêle n’a parfumé
    Ni réjoui ce...

  •  
    Amis, couple chéri, cœurs formés pour le mien,
    Je suis libre. Camille à mes yeux n'est plus rien.
    L'éclat de ses yeux noirs n'éblouit plus ma vue ;
    Mais cette liberté sera bientôt perdue.
    Je me connais. Toujours je suis libre et je sers ;
    Être libre pour moi n'est que changer de fers.
    Autant que l'univers a de beautés brillantes,
    Autant il a d'...

  •  
    De l’aile effleurant mon visage,
    Volez, doux oiseaux de passage,
    Volez sans peur tout près de moi !
    Avec amour je vous salue ;
    Descendez du haut de la nue,
    Volez, et n’ayez nul effroi !

    Des mois d’or aux heures légères,
    Venez, rapides messagères,
    Venez, mes sœurs, je vous attends !
    Comme vous je hais la froidure,
    Comme vous j...