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    Comme au front monstrueux d'une bête géante
    Des yeux, des yeux sans nombre, effroyables, hagards,
    Les Astres, dans la nue impassible et béante,
    Versent leurs rayons d'or pareils à des regards.

    Des haines, des amours, tout ce qui fut le monde,
    Vibrent dans ces regards obstinés et vainqueurs ;
    Et la bête, sans doute, a broyé bien des cœurs,
    Pour...

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    Quand je lis ton histoire héroïque, Ô Vengeur !
    Mon cœur français tressaille, et je deviens songeur.

    Ce fut un fier tableau dans un immense cadre :
    Un seul vaisseau luttant contre toute une escadre,
    Troué par les boulets, vaincu, désemparé,
    Qui, parmi les horreurs d’un combat effaré,
    Et pendant que le feu ronge son oriflamme,
    Au sein d’un...

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    Viens ! La proie est facile, ô Chef ! Poursuis sans halte
    La Bête agonisante en son hallier païen !
    Dans son péché maudite, elle n’attend plus rien
    Que le fer de ton glaive en sa gorge, ô grand Balthe !

    Alarik, Alarik, salut ! Libérateur
    Dont le Christ a guidé les victoires hautaines
    Du Danube natal jusques aux murs d’Athènes,
    D’Athènes sourde...

  • Je m’adresse à tout l’univers,
    Après David, le roi psalmiste.
    Oui, Madame, en ces quelques vers,
    Je m’adresse à tout l’Univers.
    Sur les continents et les mers,
    Si tant est qu’un athée existe,
    C’est moi, dis-je, à tout l’Univers,
    Après David, le roi psalmiste.

    Je me fous bien de tous vos dieux,
    Ils sont jolis, s’ils vous ressemblent,...

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    Quand le léger vaisseau, dans sa course rapide,
    Tendant sa voile au vent, fuit sur l’onde limpide,
    Et trace sur la mer un sillon lumineux,
    Il semble que l’on voit sous le flot écumeux
    Se dresser tout au fond de l’ancien Atlantique
    Les palais d’une ville étrange et fantastique ;
    Et sur l’onde ridée au souffle du zéphyr,
    On entend murmurer, ainsi...

  • Loin de la multitude où fleurit le mensonge
    Puisque l’âme s’épure et s’exalte en rêvant,
    Au gré du souvenir vogue, ô mon Âme, et songe :
    Songe à la cendre humaine éparse dans le vent ;

    Songe aux crânes heurtés par le soc des charrues ;
    Aux débris du passé...

  • Elle était comme une rose pâlie ;
    Je la sentais discrète, autour de moi,
    Avec des mains de miel, pour ma mélancolie.

    Sa jeunesse touchait à ses heures de soir ;
    Quoique malade, elle était calme et volontaire
    Et m’imposait et sa tendresse et son espoir.

    Aucune ardeur, qui domptait par secousse ;
    C’était la sentir droite, en son...

  • Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée
    M’éveilla tout entière et m’annonca l’amour  :
    Comme la vigne aimante en secret attirée
    Par l’ormeau caressant, qu’elle embrasse à son tour,
    Je l’aimai ! D’un sourire il obtenait mon âme.
    Que ses yeux étaient doux ! que j’y lisais d’aveux !
    Quand il brûlait mon cœur d’une si tendre flamme,
    Comment, sans me...

  • Au bout du vieux canal plein de mâts, juste en face
    De l’Océan et dans la dernière maison,
    Assise à sa fenêtre, et quelque temps qu’il fasse,
    Elle se tient, les yeux fixés sur l’horizon.

    Bien qu’elle ait la pâleur des éternels veuvages,
    Sa robe est claire ; et bien que les soucis pesants
    Aient sur ses traits flétris exercé leurs ravages,
    Ses vêtements...

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    Je l’attends dans la plaine sombre ;
    Au loin je vois blanchir une ombre,
    Une ombre qui vient doucement...
    Eh non ! — trompeuse espérance —
    C’est un vieux saule qui balance
    Son tronc desséché et luisant.
     
    Je me penche et longtemps j’écoute :
    Je crois entendre sur la route
    Le son qu’un pas léger produit...
    Non, ce n’est rien !...