• Si nous vivions au siècle où les dieux éphémères
    Se couchaient pour mourir avec le monde ancien,
    Et de l’homme et du ciel détachant le lien,
    Rentraient dansTombre auguste où résident les Mères ;

     

    Les regrets, les désirs, comme un vent furieux,
    Ne courberaient encor que les ftmes communes ;
    n serait beau d’être homme en de telles fortunes,
    Et...

  • Pierre de Marbeuf
    L’Anatomie de l’œil

    ...
  • Anc no gardei sazo ni mes
    Ni can flors par ni can s’escon
    Ni l’erba nais delonc la fon,
    Mas en cal c’oras m’avengues
    D’amor us rics esjauzimens,
    Tan me fo bels comensamens
    Qu’eu cre c’aquel tems senhorei .

    Be l’agra per fol qui.m disses
    Tro aras, qu’en sui tan prion,
    Que ja.m tengues tan deziron
    Amors qu’eu morir en pogues!
    Mas...

  • Mentons carrés et gros, cheveux pesants et roux,
    Ils se dressent, là-bas, à l’horizon des âges,
    Dans un emmêlement de grands gestes sauvages,
    Parmi les îlots gris d’un sol poreux et mou.

    De l’eau au loin, partout. À peine un coin de terre ;
    À peine un buisson mort, sur un tertre fangeux ;
    Et la pluie et le vent et le brouillard rugueux
    Et, vers le...

  •  
    Vous dont le sang nourrit encor nos muscles souples,
    Héroïques dompteurs de géants étalons,
    De qui la race garde à l’orgueil de ses couples
    L’honneur de ses yeux bleus et de ses cheveux blonds,

    Aïeux obscurs, en qui ma chair eût voulu vivre,
    Sous les bardes de bronze ou sous les torques d’or,
    Dont mon songe obstiné croit encore poursuivre
    La...

  • Dans le jardin, où des lions mélancoliques
    Traînent le char du vieil amour,
    Mes yeux ont allumé leurs braises sur la tour
    Et regardent, mélancoliques,
    Traîner le char du vieil amour.

    Des chapelets de seins enguirlandent le bord
    Des seins de reine, où sont plantés des couteaux d’or.

    Le sourire des Omphales, qui plus ne bouge,
    Et les yeux de...

  • Indépendant d’instinct, d’esprit, d’âme et de fibre
    Et rendu toujours plus jugeur sain, penseur libre,
    Par son métier rôdant de pêcheur-braconnier,
    Le vieil ancien soldat, franc comme son visage,
    Évoquait devant moi ce souvenir guerrier
    Qu’il concluait ainsi de façon simple et sage :

    « Des marécag’ de sang qui s’fige et qui s’grumelle
    Où q’l’on voit...

  • L’ANCIENNE FOI

    Si ton nom sonne creux dans ma ferme poitrine,
    Si mon âme est un lieu de décombres rempli
    Où ma croyance ancienne est vouée à l’oubli,
    Seigneur, je n’ai rien fait pour hâter ma ruine.

    Je t’ai longtemps servi d’un cœur timide et doux,
    Criant vers ton silence et ma joie et ma crainte ;
    ...

  • J’ai triste d’une ville en bois,
    — tourne, foire de ma rancœur,
    mes chevaux de bois de malheur —
    j’ai triste d’une ville en bois,
    j’ai mal à mes sabots de bois.

    J’ai triste d’être le perdu
    d’une ombre et nue et mal en place,
    — mais dont mon cœur trop sait la place —
    j’ai triste d’être le...

  • Le ciel enténébré de ses plus tristes hardes
    S’accroupit sur le drame universel du pic.
    Le violent triangle de l’arme des gardes
    A l’air au bout du bois d’une langue d’aspic.

    Parmi des clous, entre deux loups à face humaine,
    Pantelant ainsi qu’un quartier de venaison
    Agonise l’Agneau déchiré par la haine,
    Celui-là qui donnait son âme et sa maison....