• Tu te frappais le front en lisant Lamartine,
    Edouard, tu pâlissais comme un joueur maudit;
    Le frisson te prenait, et la foudre divine,
                            Tombant dans ta poitrine,
    T'épouvantait toi-même en traversant ta nuit.

    Ah! frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie.
    C'est là qu'est la pitié, la souffrance et l'amour;
    C'est là qu'est le...

  •       Voici quatre-vingts ans, — plus ou moins, — qu’un curé,
    On plutôt un vicaire, au comté de Surrey
    Vivait, chétif et pauvre, et père de famille ;
    C’était un de ces cœurs dont l’excellence brille
    Sur le front, dans les yeux, dans le geste et la voix ;
    Gibbon nous dit qu’il l’eut pour maître dix-huit mois,
    Et qu’il garda toujours souvenir du digne homme....

  • Les parfums les plus doux et les plus belles fleurs
    Perdoient en un instant leurs charmantes odeurs;
    Tous ces mets savoureux dont je chargeois ma table
    Ne m’ont jamais offerts qu’un plaisir peu durable,
    Oublié le jour même et suivi de regrets.
    Mais de ces jours heureux, Xanthus, et de ces veilles
    Où de savans discours ont charmé mes oreilles,
    Il...

  •  
    La prose n'est point sotte, et, — disons-le tout bas, —
    Le plus souvent les vers sont de la sotte prose,
    De lourds empâtements de vert tendre et de rose,
    Des suites d'adjectifs, des oh ciel ! des hélas !
    Un orgueilleux jargon où le pauvre poète
    Vous dit tout, — excepté ce qu'il a dans la tête.

    C'est absurde, c'est plat. Et pourtant, jeune fou,...

  • L'aigle, c'est le génie ! oiseau de la tempête,
    Qui des monts les plus hauts cherche le plus haut faîte ;
    Dont le cri fier, du jour chante l'ardent réveil ;
    Qui ne souille jamais sa serre dans la fange,
    Et dont l'oeil flamboyant incessamment échange
    Des éclairs avec le soleil.

    Son nid n'est pas un nid de mousse ; c'est une aire,
    Quelque rocher,...

  • Entends-tu ce long bruit doux comme une harmonie,
    Ce cri qu’à l’univers arrache le génie
            Trop longtemps combattu,
    Cri tout d’un coup sorti de la foule muette,
    Et qui porte à la gloire un nom de grand poëte,
            Noble ami, l’entends-tu ?

    À l’étroit en ce monde où rampent les fils d’Ève,
    Tandis que, l’œil au ciel, tu montes où t’enlève...


  • ...


  • ...

  •  
        Toi qui hantes mes nuits cruelles, ô Démon !
        Qui vient ouvrir sur moi tes prunelles hagardes
        Et qui te tiens debout dans la chambre et regardes,
        Emporte-moi sur tes ailes de goémon !

        Tu règnes sur mon cœur implacable et suprême !
        Que le vent de la mer nous emporte tous deux
        Dans le divin mépris des courants hasardeux,...

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    Hier, enfant, tu m'as dit d'une voix inquiète,
    Souriant et boudant, te penchant dans mes bras :
    « Toi qui chantes pour tous, infidèle poète,
    « Sur nos jeunes amours ne chanteras-tu pas ?

    « Tu fais métier d'écrire et sèmes ta parole.
    « Dis ? que ne m'offres-tu ces bouquets que ta main
    « Effeuille sur la route, insouciante et folle.
    « Je veux...