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    À Antoine Cros.

    Au bord d’un étang bleu dont l’eau se ride
    Sous le vent discret d’une nuit d’été,
    Parmi les jasmins, foulant l’herbe humide
    Avez-vous jamais, rêveur, écouté

    La voix de la vierge émue et timide
    Qui furtive, un soir, pour vous a quitté
    Le foyer ami — depuis froid et vide —
    Où, les parents morts, plus rien n...

  •     Don Juan qui fut grand Seigneur en ce monde
        Est aux enfers ainsi qu'un pauvre immonde
        Pauvre, sans la barbe faite, et pouilleux,
        Et si n'étaient la lueur de ses yeux
        Et la beauté de sa maigre figure,
        En le voyant ainsi quiconque jure
        Qu'il est un gueux et non ce héros fier
        Aux dames comme au poète si cher
        Et...

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    Don Juan qui fut grand Seigneur en ce monde
    Est aux enfers ainsi qu’un pauvre immonde
    Pauvre, sans la barbe faite, et pouilleux,
    Et si ce n’étaient la lueur de ses yeux
    Et la beauté de sa maigre figure,
    En le voyant ainsi quiconque jure
    Qu’il est un gueux et non ce héros fier
    Aux dames comme aux poêles si cher
    Et dont l’auteur de ces...

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    Bardé de fer, botté de cuir et casqué d'or,
    Don Ruy Diaz appelé le Cid Campéador,
    Etant à Rome, entra pour dire une prière
    Dans l'église du chef des saints apôtres, Pierre.
    Sept fauteuils étaient la pour les sept rois chrétiens
    Conviés par le pape à de longs entretiens
    Touchant les intérêts de l'Église et sa gloire.
    Un fauteuil, le plus haut de...

  • I

    Contre l’écroulement sa ruine se cabre.
    Il se dresse au-dessus des rocs, des sauvageons,
    Lugubre, noir, vert fauve, et couleur fleur d’ajoncs,
    Vengé par son orgueil du Temps qui le délabre.
    Autour, dort un étang dont le reptile glabre
    Fend parfois le croupi de son brusque plongeon ;
    Seuls, faucheux...

  • Par les chemins bordés de pueils
    Rôde en maraude
    Le donneur de mauvais conseils.

    La vieille carriole en bois vert-pomme
    Qui l’emmena, on ne sait d’où,
    Une folle la garde avec son homme,
    Aux carrefours des chemins mous.
    Le cheval paît l’herbe d’automne,
    Près d’une mare monotone,
    Dont l’eau malade réverbère
    Le soir...

  • Dont les fils vers les aventures s’en allèrent,
    avait dit la bonne dame vieille, derrière
    la grille pleine de roses trémières roses
    dans l’herbe bleue.
                                 Et ce fut une douce chose,
    lorsque je repassai devant mon lieu natal,
    devant la petite gare aux vieux catalpas
    de l’endroit où je suis né. J’ai vu encore
    l’impression...

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    Le soleil du matin tombe en bruine d’or
    A travers les rideaux de blanche mousseline :
    C’est comme un fin brouillard de lumière en sourdine
    Éclairant l’oreiller d’une blonde qui dort.

    Les cheveux, déroulés comme un torrent de soie
    Riche de tous ses flots trop longtemps contenus,
    Débordent sur l’épaule et baisent les seins nus
    De la femme qui...

  • Quels secrets dans son cœur brûle ma jeune amie,
    Âme par le doux masque aspirant une fleur ?
    De quels vains aliments sa naïve chaleur
    Fait ce rayonnement d’une femme endormie ?

    Souffles, songes, silence, invincible accalmie,
    Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,
    Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur
    ...

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    DORMEZ. Dans l’ombre vaste où rôde le vent frais
    Le feuillage murmure en un bruit de marée ;
    L’espace est plein de lune et la nuit est sacrée.
    Dormez comme ceux-là qui dorment pour jamais !

    Vous appeliez l’oubli : voici l’heure propice ;
    La grande paix descend pour habiter en vous.
    Dormez suavement, comme les enfants doux
    Qui sourient quand...