• En la grand’chambre ancienne aux rideaux de guipure
    Où la moire est flétrie et le brocart fané,
    Parmi le mobilier de deuil où je suis né
    Et dont se scelle en moi l’ombre nacrée et pure ;

    Avec l’obsession d’un sanglot étouffant,
    Combien ma souvenance eut d’amertume en elle,
    Lorsque, remémorant la douceur maternelle,
    Hier, j’étais penché sur ma couche...

  •  
    Bienheureuse la destinée
    D’un enfant grec du monde ancien !
    Fruit d’un amoureux hyménée,
    Il est gai d’une joie innée,
    Et deux beaux sangs ont fait le sien.

    C’est Pan, bénévole et farouche,
    Qui forme son cœur et sa voix :
    Il lui met la flûte à la bouche,
    L’enfant souffle, le faune touche,
     Et la leçon rit dans les bois.

    Aux...

  •  
    Des fluides moments nul ne voit le passage,
    Et le printemps des jours s’éteint comme il est né ;
    C’est insensiblement, sur le fleuve de l’âge,
    Qu’à la froide vieillesse un homme est entraîné.

    Mais je me saurai vieux quand cette chère...

  •  
    La sainte vérité qui m’échauffe et m’inspire
    Écarte et foule aux pieds les voiles imposteurs :
    Ma muse de nos maux flétrira les auteurs,
    Dussé-je voir briser ma lyre
    Par le glaive insolent de nos libérateurs.

    Où vont ces chars pesans conduits par leurs cohortes ?
    Sous les voûtes du Louvre ils marchent à pas lents :
    Ils s’arrêtent devant ses...

  •  
    Je m’habille ahuri, subissant à plein corps
    L’atroce ubiquité d’une introuvable puce ;
    Mettre mon faux-col ?… Mais, il faudrait que je pusse !
    Et ma botte ennemie a réveillé mes cors.

    Le placard aux effets, sous des grappes de loques,
    Cache précisément l’indispensable habit ;
    Et la migraine, avec un vrillement subit,
    M’arrache de plaintifs et...

  •  
    Puisque Vous vîntes en ce monde,
    Sur la Normandie au sol fier,
    Dans une ville gaie et blonde,
    Entre les pommiers et la mer ;

    Puisqu’il est certain que vous, Femme,
    Vous pouvez tout, grâce à l’Amour,
    Vous de qui le regard m’enflamme
    Comme une Flèche de son Jour ;

    Puisqu’il est clair que dans ta tête
    Ton jugement est ferme et sûr,...

  • Sécheresse maligne et coupable langueur,
    Il n’est remède encore à vos tristesses noires
    Que telles dévotions surérogatoires,
    Comme des mois de Marie et du Sacré-Cœur,

    Éclat et parfum purs de fleurs rouges et bleues,
    Par quoi l’âme qu’endeuille un ennui morfondu,
    Tout soudain s’éveille à l’enthousiasme dû
    Et sent ressusciter ses allégresses feues...

  •  
    NARTHALOS.

    A peine si l’aurore a d’un doigt diligent
    Écarté le rideau des ombres incertaines,
    A peine si là-bas en s’éveillant Athènes
    Voit un premier rayon baigner ses murs d’argent,
    Que déjà Parménas fuit son toit solitaire
    Et, malgré le saint jour et le récent édit,
    Se hâte vers le bois sauvage où s’arrondit
    Un autel ruiné sur un...

  • I

    Je rends grâce au Seigneur : il m'a donné la vie !
    La vie est chère à l'homme, entre les dons du ciel ;
    Nous bénissons toujours le Dieu qui nous convie
    Au banquet d'absinthe et de miel.
    Un noeud de fleurs se mêle aux fers qui nous enlacent ;
    Pour vieillir parmi ceux qui passent,
    Tout homme est content de souffrir ;
    L'éclat...

  •  
    J'estime qu'un conte badin,
    En hiver, par un temps de pluie,
    Lorsqu'on se chauffe et qu'on s'ennuie,
    Est un remède souverain
    Pour chasser la mélancolie.
    Le corps perdu dans le duvet,
    Et les deux pieds sur un chenet,
    On regarde briller la flamme ;
    Et, par le doux conte bercé,
    On entend chanter dans son âme
    Quelque souvenir...