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    JE voudrais, dans les bois que l’automne dépouille
    Et par les tout petits sentiers capricieux,
    En un jour où l’azur unit la terre aux cieux,
    Marcher sur le tapis d’or flexible et de rouille.

    Je voudrais respirer la fleur que l’aube mouille,
    Dont le parfum se meurt, arome précieux ;
    Une dernière fois, réjouir mes deux yeux
    Au flot clair de la...

  • D’autres, ― des innocents ou bien des lymphatiques, ―
    Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux,
    Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux !
    D’autres s’y sentent pris ― rêveurs ― d’effrois mystiques.

    Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords
    Épouvantable et vague affole sans relâche,
    Par les forêts je tremble à la façon d’un...

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    LA bonne odeur du foin, où le trèfle se mêle,
    Voyage dans le vent paisible de l’été ;
    La terre glorieuse en sa fécondité
    Par les parfums exhale une âme maternelle.

    Sa jeunesse toujours vivace renouvelle
    Les champs où les troupeaux robustes ont brouté
    Et, sous le grand soleil prodigue de clarté,
    L’herbe grasse alourdit le lait dans la mamelle...

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    Si je brise un jour mes chaînes,
    Je veux m'enfuir vers les eaux ;
    Mieux, que les nids sur les chênes,
    Mieux que les aires hautaines,
    J'aime un nid dans les roseaux.

    J'aime une terre mouillée
    Par un lac profond et clair ;
    Pour tenir l'âme éveillée,
    Il faut que, sous la feuillée,
    Les eaux chantent avec l'air.

    S'il n'a point de...

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    Quand je reviens joyeux dans ma belle Bretagne
    Au sortir de Paris, de ce triste Paris,
    Où l’on ne voit ni mer, ni forêts, ni montagne,
    Où l’on traîne des jours ennuyés et flétris ;
    Quand j’ai passé le seuil, quand j’ai franchi l’entrée
    De la noire maison gothique et retirée,
    Et qu’un instant après je tombe dans les bras
    De mes deux bien-aimés...

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    Je m’habille des loques de mes jours ;
    Et le bâton de mon orgueil, il plie.
    Mes pieds, dites, comme ils sont lourds
    De me porter, de me traîner, toujours,
    Au long du siècle de ma vie.
    Mon âme est un carillon noir
    Qui sonne au loin, sur un rempart,
    Qui sonne à vide ;
    Mes bras sont vains
    Toute ma tête est vaine...

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        Dans l’air la merveilleuse odeur de violettes,
        Nos doigts entrelacés et nos lèvres muettes.

        Les rosiers roux ont la couleur de tes cheveux
        Et nos cœurs sont pareils… Je veux ce que tu veux.

        Tout le jardin autour de nous, ma bien-aimée,
        Et la brise embaumant ta face parfumée.

        Nulle n’a la splendeur de tes cheveux...

  • Dans un cocktail couleur tango
    je buvais les yeux de ma belle :
    l’un est vert l’autre mirabelle,
    je buvais les yeux de Margot.

    Margot mon rêve, au pas d’un tango,
    a piétiné l’image frêle,
    ses yeux aux couleurs rebelles
    troublés par mon chalumeau.

    Le divin cocktail de mes larmes,
    par un beau soir à Monaco,
    Ô fées...

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    Le train stoppa ; c’était la station de Sèvres.

    Assis dans mon wagon, la cigarette aux lèvres,
    En jetant un regard dehors, je remarquai,
    Près de la porte en bois ouverte sur le quai,
    Un groupe de trois sœurs vraiment presque pareilles :
    Mêmes cheveux au vent derrière les oreilles,
    Mêmes chapeaux à fleurs, mêmes robes d’été,
    Même air de bonne...

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        Un verger de Mytilène, vers la fin d’un après-midi d’été.
        Les vignes, chargées de grappes, se déroulent jusqu’à la
        mer. Le soleil brûle.

        Au lever du rideau, Eranna tire quelques sons du paktis,
        mais ses mains retombent. Epuisée par la chaleur, elle parle
        d’une voix faible.

        ...