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  • Vers le sombre minuit, tandis que fatigué
    J’étais à méditer sur maint volume rare
    Pour tout autre que moi dans l’oubli relégué,
    Pendant que je plongeais dans un rêve bizarre,
    Il se fit tout à coup comme un tapotement
    De quelqu’un qui viendrait frapper tout doucement
    Chez moi. Je dis alors, bâillant, d’une voix morte :
    « C’est quelque visiteur – oui –...

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    J’ai cru voir sur mon cœur un essaim de corbeaux
    En pleine lande intime avec des vols funèbres,
    De grands corbeaux venus de montagnes célèbres
    Et qui passaient au clair de lune et de flambeaux.

    Lugubrement, comme en cercle sur des tombeaux
    Et flairant un régal de carcasses de zèbres,
    Ils planaient au frisson glacé de nos ténèbres,
    Agitant à...

  • La bande de corbeaux qui dort dans la ramée
    S’éveille en croassant tout bas quand le jour luit,
    Quitte en tourbillonnant son gîte de la nuit
    Et sur un champ de blé va s’abattre affamée.

    L’oiseau cherche des vers dans la terre semée,
    Mais parfois trop ardent au gibier qu’il poursuit,
    Il becquète le grain qui fermente et détruit
    La part de la moisson...

  • Les corbeaux volent en croassant
    Tout autour du vieux donjon qui penche ;
    Sur le chaume plat comme une planche
    Ils se sont abattus plus de cent.

    Un deuil inexprimable descend
    Des arbres qui n’ont plus une branche.
    Les corbeaux volent en croassant
    Tout autour du vieux donjon qui penche.

    Et tandis que j’erre en frémissant
    Dans le...

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    Par des temps de brouillard, de vent froid et de pluie,
    Quand l’azur a vêtu comme un manteau de suie,
    Fête des anges noirs! dans l’après-midi, tard,
    Comme il est douloureux de voir un corbillard,
    Traîné par des chevaux funèbres, en automne,
    S’en aller cahotant au chemin monotone,
    Là-bas vers quelque gris cimetière perdu,
    Qui lui-même, comme un...

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    Du temps que j’en étais épris,
    Les lauriers valaient bien leur prix.
    À coup sûr on n’est pas un rustre
    Le jour où l’on voit imprimés
    Les poëmes qu’on a rimés :
    Heureux qui peut se dire illustre !

     
    Moi-même un instant je le fus.
    J’ai comme un souvenir confus
    D’avoir embrassé la Chimère.
    J’ai mangé du sucre candi
    Dans...

  • Sur les cordes d'or de la Lyre,
    Résonnent les voix du printemps,
    La jeunesse avec son délire,
    L'espérance avec son sourire,
    L'amour et ses vœux inconstants...

    Plus légères, plus fugitives
    Que la brise dans les roseaux,
    Elles mêlent leurs notes vives
    Aux baisers de l'onde à ses rives,
    Aux chants des bois et des oiseaux.

    Bientôt il...

  • Dans son village, au pied des digues,
    Qui l’entourent de leurs fatigues
    De lignes et de courbes vers la mer,
    Le blanc cordier visionnaire
    À reculons, sur le chemin,
    Combine, avec prudence, entre ses mains,
    Le jeu tournant de fils lointains
    Venant vers lui de l’infini.

    Là-bas,
    En ces heures de soir ardent et las,
    Un...

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    Virginitas, Virginitas, quo abis, me relicta.
    SAPHO

    « Pourquoi ne pas m’entendre, ô ma blanche maîtresse ?
    « Mes mains, si vous venez, mes mains vous offriront
    « Les plus belles des fleurs, dont s’émaille la Grèce :
    « La Grèce les destine à parfumer ton front.
    « Viens, pour toi, ce matin, dans l’humide verdure,
    « D’un...