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    Je suis celui des pourritures grandioses
    Qui s’en revient du pays mou des morts ;
    Celui des Ouests noirs du sort
    Qui te montre, là-bas, comme une apothéose,
    Son île immense, où des guirlandes
    De détritus et de viandes
    Se suspendent,
    Tandis, qu’entre les fleurs somptueuses des soirs,
    S’ouvrent les yeux en disques d’or de...

  • Et me voici d’un grand site de catafalques
    Et d’un minuit soudainement illuminé,
    Où s’inscrivent les vestiges et les décalques
    De la splendeur et de l’effroi — l’halluciné !

    La science s’y darde, en des observatoires
    Lenticulés de verres d’or, qui, vers les feux
    Rouges et monstrueux d’un ciel prodigieux,
    Braquent, depuis quels temps...

  • De part en part,

    À chaque angle, par chaque fente,
    Sous les averses,
    Les glaives nus du vent traversent

    Le corps en pierre de la tour.

    La ville en est épouvantée ;

    Des patrouilles ont fait le tour
    De la grand’place, à la nuitée,
    Pour rencontrer —...

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    Celui qui sait haïr aime et couve sa haine.
    Moi, je cède à l’instinct contraire qui m’entraîne.
    Dieu fit dans sa bonté la fleur pour embaumer,
    La lèvre pour bénir et le cœur pour aimer.
    Parfois, comme la mer dont la colère écume,
    Si l’indignation dans mon âme s’allume,
    Si mon vers irrité, verbe au lyrique accent,
    S’échappe de mon sein farouche...

  • Celuy quiconque apprend à mourir constamment
    Des-aprent à servir, & ny à violence,
    Torture, ny prison dont l’extreme souffrance
    Rompe de ses desseins le stable fondement.

    Mediter à la mort, cest le commencement
    De vivre en liberté ; douteusement balance
    Sans resolution, jouet de l’inconstance
    Celuy qui du trespas redoute le torment.

    L’...

  • En ces jours de martyre et de gloire, où la hache
    Effaçait dans le sang l’impur crachat du lâche
    Sur les plus nobles fronts,
    Où les rhéteurs d’Athène et les sages de Rome
    Raillaient superbement les fils du Dieu fait homme
    Qu’égorgeaient les Nérons,

    Quelques disciples saints, les soirs, dans le cénacle
    Se rassemblaient, et là parlaient du grand...

  • De la sorte — parlant par la voix du Curé —
    La cendre de l’âtre interpelle
    La chambrière antique à l’air dur et madré
    Qui vient la prendre avec sa pelle :

    ...

  • Allons, ce sacrifice encore,
    Et puis tout sera consommé.
    Viens, que la flamme te dévore,
    Pauvre vieux trésor embaumé !
    Venez, sans tarder davantage,
    Ô première & dernière page
    Du roman fatal accompli !
    Venez, ô lettres adorées ;
    Venez, par moi-même livrées,
    Tombez pour toujours dans l’oubli !

    Non, point de larmes superflues,...

  • Or maintenant, au fond du Palais ineffable,
    Qui pour tapis a les espaces constellés,
    Innombrables, autour de la Divine Table
    Les Poètes des temps futurs sont assemblés.

    Avant qu’ils n’aillent par le Portique superbe
    De l’Avenir se...

  • CENT balades ay cy escriptes,
    Trestoutes de mon sentement.
    Si en sont mes promesses quites
    A qui m'en pria chierement.
    Nommée m'i suis proprement ;
    Qui le vouldra savoir ou non,
    En la centiesme entierement
    En escrit y ay mis mon nom.

    Si pry ceulz qui les auront littes,
    Et qui les liront ensement,
    Et partout ou ilz seront dittes,...