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    Certe, il ne faut avoir qu’un amour en ce monde,
    Un amour, rien qu’un seul, tout fantasque soit-il ;
    Et moi qui le recherche ainsi, noble et subtil,
    Voilà qu’il m’est à l’âme une entaille profonde.

    Elle est hautaine et belle, et moi timide et laid :
    Je ne puis l’approcher qu’en des vapeurs de rêve.
    Malheureux ! Plus je vais, et plus elle s’élève...

  •  
    La foi, l’antique foi dans mon âme a péri,
    Et maintenant je sonde à tâtons la Nature.
    Mais je regrette, hélas ! la sublime imposture
    Qui, dans l’ombre déserte, offre au cœur un abri ;

    Et j’y crois de nouveau quand vous m’avez souri :
    La nuit m’épouvantait, cette aube me rassure.
    Quand je ne vous vois pas, l’inconnu me torture ;
    Paraissez...

  • Beaux et grands bâtiments d’éternelle structure,
    Superbes de matière, et d’ouvrages divers,
    Où le plus digne roi qui soit en l’univers
    Aux miracles de l’art fait céder la nature :

    Beau parc et beaux jardins qui, dans votre clôture,
    Avez toujours des fleurs et des ombrages verts,
    Non sans quelque démon qui défend aux hivers
    D’en effacer jamais l’...

  • Avec ton ciel de nacre et d’ambre

    Tu rehausses les champs, les prés et les villages,
    Ô mois des beaux nuages,
    Septembre !

    La croupe des chevaux et le soc des charrues,
    Et le gars lent qui les conduit, par les labours,
    Sous la haute splendeur de la lumière accrue,
    Groupent l’accord plus clair de leurs mouvements...

  • À l’orient du pré, dans le sol rêche
    Est là, pour à toujours, qui grelotte, la bêche
    Lamentable et nue ;
    Sous le ciel sec, la terre sèche ;
    Et rien, sinon la maigre bêche,
    Latte de bois mort, latte de bois nu.

    — Fais une croix sur le sol jaune
    Avec la longue main,
    Toi...

  •  
    Les becs de gaz des mauvais coins
    Éclairent les filous en loques
    Et ceux qui, pleins de soliloques,
    S’en vont jaunes comme des coings.

    Complices des rôdeurs chafouins
    Guettant le Monsieur à breloques,
    Les becs de gaz des mauvais coins
    Éclairent les filous en loques.

    Et coups de couteaux, coups de poings,
    Coups de sifflets, cris...

  •  
    Ah ! La mer est terrible au fort de la tempête,
    Lorsque levant aux cieux sa vaste et lourde tête,
    Elle retombe et jette aux peuples consternés
    Des cadavres humains sur des mâts goudronnés ;
    L’incendie est terrible autant et plus encore,
    Quand de sa gueule en flamme il étreint et dévore
    Comme troupeaux hurlants les immenses cités.
    Mais ni le feu...

  • I

    Beethoven et Rembrandt, tous deux nés sur le Rhin,
    Dans leur mystérieuse et profonde harmonie,
    Vibrent d’accord. — Un sombre et lumineux Génie
    Leur a touché le front de son doigt souverain.

    Ces deux prédestinés ont des similitudes :
    Quelque chose de fier, de...

  • Bel m’es can eu vei la bròlha
    reverdir per mei lo brolh
    e.lh ram son cubert de folha
    e.l rossinhols sotz de folh
    chanta d’amor, don me dolh;
    e platz me qued eu m’en dolha,
    ab sol qued amar me volha
    cela qu’eu desir e volh.

    Eu la volh can plus s’orgolha
    vas me, mas oncas orgolh
    n’ac va lei. Per so m’acolha
    ma domna, pois tan l’...

  • Le Loire a quitté La Pallice
    Maintenant tout est bien fini.
    On s’en va vers le Maroni
    Où les requins font la police.

    On est sans nom, on est plus rien.
    La loi nous chasse de la ville.
    On n’est plus qu’un bateau de chiens
    Qu’on mène crever dans île.

    Mais alors apparaît la Belle,
    La faim, la lèpre, le cachot,
    Le coup de poing des...