A-t-on vu, dans les nuits de l'été dévorant,
Se détacher du ciel un météore errant,
Qui s'éteint au milieu de sa chute enflammée ?
Tel est notre destin. L'or et la renommée,
Le trône, les plaisirs, tous ces fantômes vains
Qu'adorent, à genoux, les vulgaires...

 
L'astre des nuits se lève. A sa pâle lumière
Tout change, se confond dans la nature entière ;
Et mon oeil, entouré de prestiges divers,
Voit dans l'ombre s'étendre un magique univers.
Ce rocher sourcilleux n'est plus un bloc informe ;
C'est un monstre, un...

 
Pourquoi, me révoltant contre la destinée,
Déplorer nuit et jour, dans ma plainte obstinée,
Mes parens, mes amis au tombeau descendus,
Et la perte de ceux que je n'ai point perdus ?
Oui, de stériles pleurs pourquoi mouiller leur cendre ?
Dans un monde...

 
Comme sur la prairie au matin arrosée
Étincelle et s'épand une fraîche rosée,
Qui bientôt en vapeurs remonte vers les cieux ;
Ainsi ma jeune sœur a brillé sous mes yeux.
Toi que j'appelle en vain, durant la nuit obscure,
Emma, toi de mon cœur éternelle...

 
Édouard n'était plus : sa volonté suprême
À la jeune Suffolk léguait le diadême ;
Mais la sœur d'Edouard, en faveur de ses droits,
Arme les bataillons de la sombre Tamise :
Tout fléchit devant elle, et dans Londres soumise
Ses mains ont ressaisi l'héritage...

 
Qu'il est puissant, cet Etre architecte des mondes,
Qui, peuplant du chaos les ténèbres fécondes,
Fit éclore le jour, fit bouillonner les mers,
Alluma le soleil, dessina l'univers ;
Et de ces astres d'or roulant dans leur carrière,
Prodigua, sous ses pieds,...

 
I

Dès que son fiancé fut parti pour la guerre,
Sans larmes dans les yeux ni désespoir vulgaire,
Irène de Grandfief, la noble et pure enfant,
Revêtit les habits qu’elle avait au couvent :
La robe noire avec l’étroite pèlerine
Et la petite croix d’...

Lorsque le lambris craque, ébranlé sourdement,
Que de la cheminée il jaillit par moment
Des sons surnaturels, qu’avec un bruit étrange
Pétillent les tisons entourés d’une frange
D’un feu blafard et pâle, et que des vieux portraits
De bizarres lueurs font grimacer...

   Mon ami, vous voilà père d’un nouveau-né ;
C’est un garçon encor : le Ciel vous l’a donné
Beau, frais, souriant d’aise à cette vie amère ;
À peine il a coûté quelque plainte à sa mère.
Il est nuit ; je vous vois :… à doux bruit, le sommeil
Sur un sein blanc qui...

 
Quel orgueil d’être seul à sa fenêtre, tard,
Près de la lampe amie, à travailler sans trêve,
Et sur la page blanche où l’on fixe son rêve
De planter un beau vers tout vibrant, comme un dard

Quel orgueil d’être seul pendant les soirs magiques
Quand tout s’...