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    Lorsque les ans auront glacé mon cœur,
    Et sur mon front mis leur blanc diadème,
    Quand j’aurai vu tous les rêves que j’aime
    S’évanouir au souffle du malheur,

    Si la souvenance d’un temps meilleur
    Ne me rend pas l’ombre de ma bohème,
    Devant la faulx de la Camarde blême.
    Je pousserai mon cadavre sans peur !

    Aussi, pour vivre aux heures de...

  • En ce temps-là, Jésus était dans la Judée ;
    Il avait délivré la femme possédée,
    Rendu l’ouïe aux sourds et guéri les lépreux ;
    Les prêtres l’épiaient et parlaient bas entre eux.
    Comme il s’en retournait vers la ville bénie,
    Lazare, homme de bien, mourut à Béthanie.
    Marthe et Marie étaient ses sœurs ; Marie, un jour,
    Pour laver les pieds nus du maître...

  • Quand le Gentilhomme d’en Haut
    Eut tiré de l’affreux chaos
    Cet autre chaos qu’est le monde,
    D’un seul clignement de ses yeux,
    Le soleil, la terre, les cieux,
    Et l’homme brun, la femme blonde ;
    Quand à cette création
    Il eut donné le coup de fion ;

    « Ne reste plus qu’à la défaire
    — Dit-il...

  • Aglaé n’est pas heureuse :
    Elle a trouvé, ce matin,
    Une ride qui se creuse
    Dans les neiges de son teint.

    Les jeux ailés, les dieux-mouches,
    Tous les petits nains du ciel
    Vont menant des deuils farouches
    Pour ce cas essentiel.

    Voici les plaisirs moroses
    Confits en dévotion ;
    Des yeux bleus aux lèvres roses
    Descend leur...

  • On voit dans les sombres écoles
    Des petits qui pleurent toujours ;
    Les autres font leurs cabrioles,
    Eux, ils restent au fond des cours.

    Leurs blouses sont très bien tirées,
    Leurs pantalons en bon état,
    Leurs chaussures toujours cirées ;
    Ils ont l’air sage et délicat.

    Les forts les appellent des filles,
    Et les malins des innocents :
    ...

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    L'astre des nuits se lève. A sa pâle lumière
    Tout change, se confond dans la nature entière ;
    Et mon oeil, entouré de prestiges divers,
    Voit dans l'ombre s'étendre un magique univers.
    Ce rocher sourcilleux n'est plus un bloc informe ;
    C'est un monstre, un géant d'une stature énorme.
    Ces chênes, ces sapins, confusément épars,
    En dômes arrondis,...

  • Le destructeur impitoyable
    Des marbres et de l’airain,
    Le Temps, ce tyran souverain
    De la chose la plus durable,
    Sappe sans bruit le fondement
    De notre fragile machine ;
    Et je ne vis plus un moment
    Sans sentir quelque changement
    Qui m’avertit de sa ruine.

          Je touche aux derniers momens
          De mes plus belles années ;...

  • Quoi ! Vous voulez que, le premier,
    Au seuil blanc de ce beau cahier,
    Je me pavane et me prélasse

    Juste à l’endroit prétentieux
    Où doivent tomber tous les yeux,
    Sitôt qu’on entre dans la place ?

    Ma foi ! sans chercher d’argument
    Je m’exécute bravement ;
    Les gens en riront, mais qu’importe ?

    Mes vers mis de cette façon
    Peuvent...

  • Qui que tu sois, de grâce écoute ma satire,
    Si quelque humeur joyeuse autre part ne t'attire ;
    Aime ma hardiesse et ne t'offense point
    De mes vers, dont l'aigreur utilement te point.
    Toi que les éléments ont fait d'air et de boue,
    Ordinaire sujet où le malheur se joue,
    Sache que ton filet que le destin ourdit
    Est de moindre importance encor qu'on ne te...

  • On voit dans les sombres écoles
    Des petits qui pleurent toujours ;
    Les autres font leurs cabrioles,
    Eux, ils restent au fond des cours.

    Leurs blouses sont très bien tirées,
    Leurs pantalons en bon état,
    Leurs chaussures toujours cirées ;
    Ils ont l'air sage et délicat.

    Les forts les appellent des filles,
    Et les malins des innocents :
    ...