• Lorsque j'étais encore un tout jeune homme pâle,
    Et que j'allais entrer dans la lice fatale,
    Sombre arène où plus d'un avant moi se perdit,
    L'âpre Muse aux regards mystérieux m'a dit :
    — Tu pars ; mais quand le Cid se mettait en campagne
    Pour son Dieu, pour son droit et pour sa chère Espagne,
    Il était bien armé ; ce vaillant Cid avait
    Deux casques,...

  • Lorsque je serai mort, toi qui as des yeux bleus
    couleur de ces petits coléoptères bleu de feu
    des eaux, petite jeune fille que j’ai bien aimée
    et qui as l’air d’un iris dans les fleurs animées,
    tu viendras me prendre doucement par la main.
    Tu me mèneras sur ce petit chemin.
    Tu ne seras pas nue, mais, ô ma rose,
    ton col chaste fleurira dans ton...

  •  

    LORSQUE je serai mort, ― puisqu’il nous faut mourir, ―
    Mon âme reviendra sur la terre souffrir
    Avec vous, que l’exil ténébreux enlinceule,
    Afin qu’en votre nuit vous ne soyez pas seule.
    J’ai trop souvent pleuré vos chagrins ici-bas,
    Pour que de l’infini je ne descende pas
    Reprendre cette grave et fidèle habitude
    D’essuyer vos beaux yeux battus...

  •  
    Lorsque le soir descend, j’aime entendre les vagues
    Expirer sur la grève avec des sanglots vagues,
    Tandis qu’un rayon pâle égaré dans les cieux
    Mêle son reflet clair au bleu triste des ondes
    Et brode un ourlet d’or sur les nappes profondes
    Qui jettent leur chanson dans l’air silencieux.

    J’aime entendre le vent qui s’irrite ou qui pleure
    Et...

  • Lorsque l’empereur qui devait renoncer à la souveraineté
    Reçut le message, il prenait le thé
    Dans la chambre des femmes, près de son marcassin.
    Il porta la main gauche au-dessus de son sein
    Et prononça tout bas, avec beaucoup de zèle,
    Des paroles embarrassées et immortelles :
    « J’ai mal écrit les lois, il faut les arranger,
    Voici qu’...

  •  
    Lorsque sur ma fenêtre, à l'heure du réveil,
    Légèrement se pose un rayon de soleil,
    Un rayon d'espérance entre aussi dans mon gîte ;
    C'est comme un ami cher qui, vous faisant visite,
    Par de joyeux propos éclaire votre ennui,
    Et ce jour-là vous rend égayé comme lui.
    Donc, souriant des yeux au rayon d'or qui brille,
    Léger d'âme et de corps, sans...

  • *

    Lorsque tu me brisais sur tes brûlantes crêtes,
    Ô redoutable mer des sombres voluptés,
    À l’heure où ton zénith allumait sur nos têtes
    Les fastueux bûchers de songes regrettés,

    Lors même que ravi sur tes sublimes faîtes,
    Désir, je m’abreuvais de tes félicités,
    Je n’ai point ignoré les coups que tu...

  • Lorsque je vous dépeins cet amour sans mélange,
    Cet amour à la fois ardent, grave et jaloux,
    Que maintenant je porte au fond du cœur pour vous,
    Et dont je me raillais jadis, ô mon jeune ange,

    Rien de ce que je dis ne vous paraît étrange,
    Rien n’allume en vos yeux un éclair de courroux ;
    Vous dirigez vers moi vos regards longs et doux,
    Votre paleur...

  • La nuit, lorsque je dors et qu'un ciel inutile
    Arrondit sur le monde une vaine beauté,
    Quand les hautes maisons obscures de la ville
    Ont la paix des tombeaux d'où le souffle est ôté,

    Il n'est plus, morts dissous, d'inique différence
    Entre mon front sans âme et vos corps abolis,
    Et la même suprême et morne tolérance
    Apparente au néant le silence...

  • Elégie

    Cloris, lorsque je songe, en te voyant si belle,
    Que ta vie est sujette à la loi naturelle,
    Et qu'à la fin les traits d'un visage si beau
    Avec tout leur éclat iront dans le tombeau,
    Sans espoir que la mort nous laisse en la pensée
    Aucun ressentiment de l'amitié passée,
    Je suis tout rebuté de l'aise et du souci
    Que nous fait le destin qui...