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    Aux rayons rutilants d’Avril la neige fond,
    Chaque route s’effondre et tout sentier s’efface,
    Les vastes flots grondants du Fleuve écumeux font
    Voler en lourds éclats ses entraves de glace.

    Pas un nuage au ciel ! pas un souffle dans l’air !
    Les baisers du soleil argentent les ramures,
    Et des pins, dont les vents tordaient la cime hier,
    Vers l’...

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    LE ciel est d’un azur si pur qu’il en est blanc.
    C’est Avril qui revient, Avril doux et trop lent
    Et qui, pour émouvoir la torpeur de la terre,
    Lui tire, du soleil, des flèches de lumière.
    C’est le dimanche où les mains portent des rameaux
    Que le prêtre bénit avec de divins mots.
    Et c’est, là-bas encore, au clocher de Saint-Jacques,
    La musique...

  • Louis, voici le temps de respirer les roses,
    Et d’ouvrir bruyamment les vitres longtemps closes ;
    Le temps d’admirer en rêvant
    Tout ce que la nature a de beautés divines
    Qui flottent sur les monts, les bois et les ravines
    Avec l’...

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    Quand je la vois, il fait beau dans mon âme,
    Tout est lumière en moi, tout est fraîcheur ;
    Un ciel d’avril où l’aube épand sa flamme
    A moins de brise et d’azur que mon cœur.
    Tel que l’oiseau dont la voix est muette,
    Sous son regard si je reste sans voix,
    C’est de bonheur. Oh ! mon âme est en fête
              Quand je la vois !

    L’abeille d’...

  • La jeunesse a vieilli ; la Poésie errante
    S’affolle dans la nuit d’une impasse interlope ;
    Le pessimisme cher, comme un crêpe, enveloppe
    L’Existence de son ombre désespérante ;

    La prose rampe au ras du sol, flairant l’immonde,
    Étalant au dégoût les vices pathétiques,
    Et dans ce désarroi des vaines Poétiques...

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    J’ai peur d’avril, peur de l’émoi
    Qu’éveille sa douceur touchante ;
    Vous qu’elle a troublés comme moi,
    C’est pour vous seuls que je la chante.

    En décembre, quand l’air est froid,
    Le temps brumeux, le jour livide,
    Le cœur, moins tendre et plus étroit,
    Semble mieux supporter son vide.

    Rien de joyeux dans la saison
    Ne lui fait sentir...

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    Le rossignol n’est pas un froid et vain artiste
    Qui s’écoute chanter d’une oreille égoïste,
    Émerveillé du timbre et de l’ampleur des sons :
    Virtuose d’amour, pour charmer sa couveuse,
    Sur le nid restant seule, immobile et rêveuse,
    Il jette à plein gosier la fleur de ses chansons.

    Ainsi fait le poëte inspiré. — Dieu l’envoie
    Pour qu’aux...

  • Or, moi qui jamais ne bouge
    Que pour aller chez Pousset,
    Je fus hier au Moulin-Rouge,
    Je ne sais quoi m’y poussait.

    Ce n’est pas la bagatelle…
    J’ai depuis beau temps, les pieds
    Comme la Guerre… en dentelle,
    Ou si l’on veut en papier.

    Je ne marche plus ou guère
    Je puis le dire sans fard...

  • Ils me diront, — pauvres fous, —
    Que la terre se réveille,
    Que les vents soufflent plus doux,
    Qu’un ange, de sa corbeille,
    Fait tomber des fleurs sur nous.
     
    Ils me diront qu’au cerveau
    Montent, comme les fumées
    D’un vin étrange et nouveau,
    Mille senteurs bien aimées,
    Et que c’est le renouveau.

    Hélas ! je leur répondrai :...

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    Des cavernes du nord l’hyver s’est échappé.
    Il revient, de frimats encor enveloppé,
    À la faveur des nuits secouer la froidure,
    Glacer la tendre aurore, effrayer la verdure,
    Et des tyrans de l’air à grand bruit escorté,
    Flétrir dans les jardins le printems attristé.
    Imprudens arbrisseaux, qui trop pressés d’éclore
    Cachiez vos fruits naissans...