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    Votre livre paisible est comme ces clairières
    Où les myosotis rêvent sous les fraisiers ;
    Où les brises, du jour folles avant-courières,
    Baignent leurs doux parfums dans les blancs cerisiers ;

    Où l’on voit au travers des chênes des carrières
    L’infini resplendir aux yeux extasiés ;
    Où le rêve parcourt l’espace sans barrières
    Aux chants de l’...

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    Si Dieu venant vers moi sur l’éclair des tempêtes
    M’emportait, palpitant, sur un mont soucieux,
    Et donnant à mon œil le regard des prophètes,
    Me montrait l’univers que reflètent les cieux ;

    Et qu’il me dît : Vois-tu ces splendeurs que j’ai faites
    Combleront à ma voix ton cœur ambitieux,
    Ton front dominera les plus sublimes têtes,
    Sur ta lyre...

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    Madame, j’écoutais le piano frémissant
    Sous vos doigts créateurs évoquer tout un monde
    De rêves embaumés que nulle main n’émonde
    Et qui montent aux cieux comme un soleil naissant.

    Je cachais dans mes mains mon front incandescent ;
    Votre inspiration sublime et vagabonde
    Dans mon cœur enivré d’une extase profonde
    Faisait sourdre les vers comme...

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    Comme Dieu dans le sein des mers mystérieuses
    A dérobé la perle aux yeux des matelots,
    J’ai, dans mon âme, loin des foules curieuses,
    Enfoui mon amour et caché mes sanglots.

    Oh ! de mon cœur blessé le douloureux mystère,
    Madame, à vos regards restera toujours clos ;
    La fleur de mon amour s’éteindra, solitaire,
    Beau lis que le soleil n’aura...

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    Ange terrible et fier, j’aime ta hauteur sombre !
    Tu fus plus grand que Dieu, car tu le combattis ;
    Ton pas fit vaciller comme un vaisseau qui sombre
    Sur leurs axes nouveaux les cieux dont tu sortis.

    Le soleil s’éteignit en passant dans ton ombre,
    l’éternité trembla. Les mondes trop petits
    Pour tes membres géants, ennemis du pénombre,
    ...

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    O grand Théophile Gautier,
    Roi des ciseleurs fantastique,
    Toi qui touches d’un vol altier
    Toutes les cimes artistiques :

    O toi que l’Arabie ambra.
    Hahroun-al-Raschid des Bohèmes.
    Permets que dans ton Alhambra
    Je chante au pied de tes poèmes.

    Tes strophes d’azur ont bercé
    Mes premiers jours en Allemagne.
    Avant que mon pied n’...

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    I

    Vagues immensités des sombres océans,
    Que laboure sans fin la houle impétueuse,
    Abîmes insondés, gouffres noirs et béants
    Qu’illumine d’éclairs la foudre tortueuse ;

    O forêts, qui penchez vos sapins éperdus
    Sur les torrents fangeux des vallons taciturnes,
    Montagnes de granit dont les rocs confondus
    Se heurtent au choc sourd des...

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    I

    Je n’aimerai jamais, je n’ai jamais aimé ;
    Aux lâches passions mon cœur reste fermé.
    Mon front est libre et fier ; aucun joug ne le blesse,
    Je ne veux rien avoir de l’humaine faiblesse,
    Et l’amour est un bât dont le sanglon de fer
    S’imprime pour toujours au front qui l’a souffert,
    Et je méprise trop toute l’humaine espèce
    Pour me...

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    Quand Christophe Colomb eut enfin découvert
    Ce continent lointain qu’on croyait chimérique,
    Il mourut loin du sol qu’il avait entr’ouvert,
    Et Vespuce donna son nom à l’Amérique.

    Si la femme portait le nom doux et chéri
    De son premier amant, Anglais, Français ou Russe,
    Ce serait rarement celui de son mari.
    — Un mari n’est jamais qu’un Améric...

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    O ma belle brune aux yeux bleus,
    Vagabonde enfant des Bohèmes,
    Laisse-moi lire dans tes yeux,
    De ton regard les longs poèmes.

    Derrière le rideau des bois
    Le soleil va cacher son orbe ;
    Assoupis un moment ta voix
    Et les refrains de ton théorbe.

    Et dans l’océan de tes yeux
    Laisse voguer ma fantaisie ;
    Sous les plis de leurs...