À Ch. Alexandre

 
Votre livre paisible est comme ces clairières
Où les myosotis rêvent sous les fraisiers ;
Où les brises, du jour folles avant-courières,
Baignent leurs doux parfums dans les blancs cerisiers ;

Où l’on voit au travers des chênes des carrières
L’infini resplendir aux yeux extasiés ;
Où le rêve parcourt l’espace sans barrières
Aux chants de l’oiseau bleu caché sous les rosiers ;

Ce vêtement de Dieu qu’on nomme la nature,
De la famille humaine y cache la torture,
Et calme sa souffrance au doux baiser de l’art.

Dans son flux musical où voguent les idées,
Ce livre où vit la soif des choses insondées,
Est vaste comme Haydn et doux comme Mozart.

Collection: 
1850

More from Poet

  •  
    Connais-tu la romance
    Qui fait toujours pleurer,
    Que le cœur recommence
    Sans se désespérer ?

    Carl aimait Madeleine :
    Il eût baisé ses pas ;
    Il buvait son haleine :
    — Elle ne l’aimait pas.

    Elle aimait un beau pâtre
    Qui passait sans...

  •  
    I

    Voyager ! voyager !
    Sur un sol étranger
    A travers le danger
    Promener, libre et seul, sa vie aventureuse ;
    Près des vieux matelots,
    Écouter les grands flots
    A côté des îlots
    Chanter pendant la nuit sous la lune amoureuse.

    Au fond d...

  •  
    Il existe un poète aux odes insondées,
    Plus vaste que les cieux, plus grand que l’infini ;
    Son cœur est l’océan où naissent les idées,
    L’univers à genoux chante son nom béni.

    Son regard rajeunit les croyances ridées ;
    Il sculpte au cœur humain l’espoir dans...

  •  
    O poëte niais ! pauvre arrangeur de rimes,
    Tu veux chanter, dis-tu, mais qui t’écoutera ?
    Eh ! les vers aujourd’hui se débitent en primes ;
    On en fait à la toise et nul ne les lira.

  •  
    I

    Je rêvais cette nuit
    A peu près vers minuit
    Que j’étais étendu mort, au fond d’une tombe,
    Et que ce froid brouillard qui, des monts, la nuit, tombe,
    Étendait sur le sol
    Son brumeux parasol ;

    II

    Quelques fleurs désolées
    ...