• Un prêtre, un oui , trois mots latins,
    à jamais fixent vos destins ;
    et le célébrant d’un village,
    dans la chapelle de Montjeu,
    très-chrétiennement vous engage
    à coucher avec Richelieu,
    avec Richelieu, ce volage,
    qui va jurer par ce saint noeud
    d’être toujours fidèle et sage.
    Nous nous en défions un peu ;
    et vos grands yeux noirs,...

  • Du camp de Philisbourg,
    c’est ici que l’on dort sans lit,
    et qu’on prend ses repas par terre ;
    je vois et j’entends l’atmosphère
    qui s’embrase et qui retentit
    de cent décharges de tonnerre ;
    et dans ces horreurs de la guerre
    le français chante, boit, et rit.
    Bellone va réduire en cendres
    les courtines de Philisbourg,
    par cinquante...

  • Hélas ! Que je me sens confondre
    par tes vers et par tes talents !
    Pourrais-je encore à quarante ans
    les mériter, et leur répondre ?
    Le temps, la triste adversité
    détend les cordes de ma lyre.
    Les jeux, les amours, m’ont quitté ;
    c’est à toi qu’ils viennent sourire,
    c’est toi qu’ils veulent inspirer,
    toi qui sais, dans ta double ivresse,...

  • Je vous adore, ô ma chère Uranie !
    Pourquoi si tard m’avez-vous enflammé ?
    Qu’ai-je donc fait des beaux jours de ma vie
    ils sont perdus ; je n’avais point aimé.
    J’avais cherché dans l’erreur du bel âge
    ce dieu d’amour, ce dieu de mes désirs ;
    je n’en trouvai qu’une trompeuse image,
    je n’embrassai que l’ombre des plaisirs.
    Non, les baisers des...

  • Qu’un autre vous enseigne, ô ma chère Uranie,
    à mesurer la terre, à lire dans les cieux,
    et soumettre à votre génie
    ce que l’amour soumet au pouvoir de vos yeux.
    Pour moi, sans disputer ni du plein ni du vide,
    ce que j’aime est mon univers ;
    mon système est celui d’Ovide,
    et l’amour le sujet et l’âme de mes vers.
    écoutez ses leçons ; du pays des...

  • Je voulais, de mon coeur éternisant l’hommage,
    emprunter la langue des dieux,
    et vous parler votre langage :
    je voulais dans mes vers peindre la vive image
    de ce feu, de cette âme, et de ces dons des cieux,
    qu’on sent dans vos discours et qu’on voit dans vos yeux.
    Le projet était grand, mais faible est mon génie :
    aussitôt j’invoquai les dieux de l’...

  • Lorsque ce grand courrier de la philosophie,
    Condamine l’observateur,
    de l’Afrique au Pérou conduit par Uranie,
    par la gloire, et par la manie,
    s’en va griller sous l’équateur,
    Maupertuis et Clairaut, dans leur docte fureur,
    vont geler au pôle du monde.
    Je les vois d’un degré mesurer la longueur,
    pour ôter au peuple rimeur
    ce beau nom de...

  • Mon esprit avec embarras
    poursuit des vérités arides ;
    j’ai quitté les brillants appas
    des muses, mes dieux et mes guides,
    pour l’astrolabe et le compas
    des Maupertuis et des Euclides.
    Du vrai le pénible fatras
    détend les cordes de ma lyre ;
    Vénus ne veut plus me sourire,
    les grâces détournent leurs pas.
    Ma muse, les yeux pleins de...

  • Toi qui fus des plaisirs le délicat arbitre,
    tu languis, cher abbé ; je vois, malgré tes soins,
    que ton triple menton, l’honneur de ton chapitre,
    aura bientôt deux étages de moins.
    Esclave malheureux du chagrin qui te dompte,
    tu fuis un repas qui t’attend !
    Tu jeûnes comme un pénitent ;
    pour un chanoine quelle honte !
    Quels maux si rigoureux...

  • Charmante Iris, qui, sans chercher à plaire,
    savez si bien le secret de charmer ;
    vous dont le coeur, généreux et sincère,
    pour son repos sut trop bien l’art d’aimer ;
    vous dont l’esprit, formé par la lecture,
    ne parle pas toujours mode et coiffure ;
    souffrez, Iris, que ma muse aujourd’hui
    cherche à tromper un moment votre ennui.
    Auprès de vous...