•  
    Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
    Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
    Ton pur sommeil était si calme et si charmant
    Que tu n’entendais pas l’oiseau chanter dans l’ombre ;
    Moi, pensif, j’aspirais toute la douceur sombre
    Du mystérieux firmament.

    Et j’écoutais voler sur ta tête les anges ;
    Et je te regardais dormir...

  • Tu fus, pendant treize ans, l’ange de la famille :
    Notre unique bonheur, ce fut toi, douce fille,
    Toi, dont le cœur si pur et le front si joyeux
    Ont fait de notre vie un soleil radieux…
    Il me souvient encor de ta première enfance ;
    Je revois ton berceau, blanc comme l’innocence,
    Où, quand j’allais guetter ton réveil du matin,
    Je croyais voir dormir l’...

  • (Traduit d’Anacréon.)

    La fille de Tantale, en sa forme nouvelle,
    Sur les bords phrygiens devint pierre, dit-on ;
    Et les dieux ont donné le vol de l’hirondelle
    À la fille de Pandion.

    Que je sois ton miroir, pour que vers moi sans cesse
    Tu penches ton beau front orné par les amours !
    Que je sois ta tunique, ô ma blanche maîtresse,...

  •  

    Pourquoi, tout à coup, quand tu joues,
    Ces airs émus et soucieux ?
    Qui te met cette fièvre aux yeux,
    Ce rose marbré sur les joues ?

    Ta vie était, jusqu’au moment
    Où ces vagues langueurs t’ont prise,
    Un ruisseau que frôlait la brise,
    Un matinal gazouillement.

                                *

    Comme ta beauté se révèle
    Au-...

  •  
    Si j’étais jeune fille, et si, dans ma saison,
    J’étais belle et poëte,
    Pour chanter, j’aimerais mieux un nid de pinson
    Qu’un trépied de prophète ;
    Je saurais peu quel vent pousse l’humanité
    Et quel trône vacille ;
    Mais je dirais son nom à chaque fleur, l’été,
    Si j’étais jeune fille.

    Je n’aurais jamais lu nos apôtres nouveaux ;
    ...

  •  
    Un baiser sur mon front ! un baiser, même en rêve !
    Mais de mon front pensif le frais baiser s'enfuit ;
    Mais de mes jours taris l'été n'a plus de sève ;
    Mais l'Aurore jamais n'embrassera la Nuit.

    Elle rêvait sans doute aussi que son haleine
    Me rendait les climats de mes jeunes saisons,
    Que la neige fondait sur une tête humaine,...

  •  

    Pourquoi pleurer, ma petite,
    Lorsque le jour est fini ?
    Fais silence ! et dors bien vite,
    Comme un oiseau dans sou nid !

    Au bruit des vents de décembre,
    Songe, songe, entre tes draps,
    Comme il fait bon dans ta chambre,
    Et comme on a froid là-bas !

    Loin des flots et du rivage,
    Dans mon pays, quelquefois,
    Un enfant qui n’est...

  • Quel ravissant plaisir d'entendre,
    Alice ! votre jeune voix,
    Plus mélodieuse et plus tendre
    Qu'un doux chant d'oiseaux dans les bois !

    Elle vibre, sonore et pleine,
    Comme un timbre d'un pur métal,
    Ou des perles d'or qu'on égrène
    Dans une coupe de cristal...

    Avec sa fraîcheur printanière,
    Avec ses beaux sons éclatants,
    On dirait des...

  • La belle fille blanche et rousse,
    De la sorte, au long du buisson,
    Entretient la mère Lison
    À voix mélancolique et douce :

    « Moi cont’ laquell’ sont à médire
    Les fill’ encor ben plus q’les gars,
    J’tiens à vous esposer mon cas,
    Et c’est sans hont’ que j’vas vous l’dire,

    Pac’que vous avez l’humeur ronde,
    Et, q’rapportant sans v’nin ni fiel...

  • Sur la luzerne en fleur assise,
    Qui chante dès le frais matin ?
    C’est la fille aux cheveux de lin,
    La belle aux lèvres de cerise.

    L’amour, au clair soleil d’été,
    Avec l’alouette a chanté.

    Ta bouche a des couleurs divines,
    Ma chère, et tente le baiser !
    Sur l’herbe en fleur veux-tu causer,
    Fille aux cils longs, aux boucles fines ?

    L...