• Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
    Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
    T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
    « Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l’antique désert et les...

  • Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
    Et consumant l’encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie
    T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
    « Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l’antique désert et les...

  • XXXIV

    Les champs n’étaient point noirs, les cieux n’étaient pas mornes.
    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
    Sur la terre étendu,
    L’air était plein d’encens et les prés de verdures
    Quand il revit ces lieux où par tant de...

  • TU demandes où vont mes pensers aujourd’hui,
    Pourquoi je ne dis rien, et si c’est par ennui ?
    Non, ce n’est pas l’ennui, c’est l’amour qui m’oppresse.
    Si je courbe le front, c’est sous trop d’allégresse,
    Comme un arbre au printemps se courbe sous ses fleurs.
    La cime a ses glaciers, la joie a ses pâleurs.
    Il est de ces moments mystérieux où l’âme,
    A...

  •  

    I

    Relevant de sa main blanche
    Ses cheveux couleur de miel,
    La Vierge un instant se penche
    Au balcon doré du ciel.

    Elle regarde le monde
    Qui s’éveille à l’Orient,
    Les étoiles dont la ronde
    Passe, passe en tournoyant.

    Aucun bruit dans l’étendue
    À peine le cri lointain
    D’une alouette éperdue,...

  •  
    Voilà ce que me dit en reniflant sa prise
    Le bon vieux laboureur, guêtré de toile grise,
    Assis sur un des bras de sa charrue, ayant
    Le visage en regard du soleil rougeoyant :

    « Ces pauv’ bêt’ d’animaux n’comprenn’ pas q’la parole.
    T’nez ! j’avais deux bœufs noirs !… Pour labourer un champ ?
    C’était pas d’leur causer ; non ! leur fallait du chant...


  • ...

  • Tristesse du soir, ô toi luth sonore,
    Âme des Ténèbres, toi confident de la jeunesse,

    Tristesse vespérale, ô douleur consolante,
    Doux compagnon de ma solitude.

    Tristesse du soir, ô fraîcheur bruissante,
    Tristesse du soir, comme je te sens !

    Des lèvres enténébrées, de douceur imprégnées,
    Se sont doucement penchées vers les miennes,

    De douces...

  • Les mouettes volent et jouent ;
    Et les blancs coursiers de la mer,
    Cabrés sur les vagues, secouent
    Leurs crins échevelés dans l’air.

    Le jour tombe ; une fine pluie
    Éteint les fournaises du soir,
    Et le steam-boat crachant la suie
    Rabat son long panache noir.

    Plus pâle que le ciel livide
    Je vais au pays du charbon,
    Du brouillard et...

  • Tristesse ! Que ce cœur qui veut tout, ne veut rien…
    que le chant de l’oiseau et l’amitié du chien.
    Il ne possède rien, même si l’on lui donne :
    la fleur d’Avril qu’il tient lui prend le fruit d’Automne.