Savoir souffrir la vie et voir venir la mort,
C’est le devoir du sage, et ce sera mon sort !…
Le désespoir n’est point d’une âme magnanime ;
Souvent il est faiblesse, et toujours il est crime.
(...

Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
Une nuit, s’arrêta l’antique Foudroyé.

La terre prolongeait en bas, immense et sombre,
Les continents battus par la houle des mers...

La pierre était triste, en songeant au chêne
Qui libre et puissant croît au grand soleil,
Du haut des rochers regarde la plaine,
Et frissonne et rit quand l’air est vermeil.

Le chêne était triste, en songeant aux bêtes
Qu’il voyait courir sous l’ombre des bois,...

Poet: Jean Lahor

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
Pour l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux,
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes...

 
L'âme triste est pareille
Au doux ciel de la nuit,
Quand l'astre qui sommeille
De la voûte vermeille
A fait tomber le bruit ;

Plus pure et plus sonore,
On y voit sur ses pas
Mille étoiles éclore,
Qu'à l'éclatante...

 

Le gel a flétri les rameaux
Des érables et des ormeaux
De nos bocages.
Un frisson de mort a passé.
Et le vent fauve et courroucé
Tord les branchages

Au creux des sillons assoupis
On ne voit plus tomber d’épis.
Les nids sont vides ;
...

                  Avril est de retour.
                  La première des roses,
                  De ses lèvres mi-closes,
                  Rit au premier beau jour ;
                  La terre bienheureuse
                  S’ouvre et s’épanouit ;...

Quare tristis est nima mea.

I gave my harp to sorrow’s hand
And she has ruled the chords so long...

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
Rentrez, je ne suis plus l’heureuse jeune fille
Que vous avez connue en de plus anciens jours.
Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
Laissez-moi ma cornette & ma robe de chambre,
Laissez-moi les porter...

 
SOUS le poids des ans révolus
Se sont penchés nos fronts moroses,
Si bien que nous ne savons plus
Pourquoi les printemps ont des roses.

Les oublis et les abandons
Ont mis sur nous leur main méchante,
Si bien que nous nous demandons
D’où vient...