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    Savoir souffrir la vie et voir venir la mort,
    C’est le devoir du sage, et ce sera mon sort !…
    Le désespoir n’est point d’une âme magnanime ;
    Souvent il est faiblesse, et toujours il est crime.
    (Gresset)

    Je n’ai pas convoité sur mon lit d’agonie
    L’or du...

  • Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
    Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
    Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
    Une nuit, s’arrêta l’antique Foudroyé.

    La terre prolongeait en bas, immense et sombre,
    Les continents battus par la houle des mers ;
    Au-dessus flamboyait le ciel plein d’univers ;
    Mais lui ne regardait que l’abîme de l...

  • La pierre était triste, en songeant au chêne
    Qui libre et puissant croît au grand soleil,
    Du haut des rochers regarde la plaine,
    Et frissonne et rit quand l’air est vermeil.

    Le chêne était triste, en songeant aux bêtes
    Qu’il voyait courir sous l’ombre des bois,
    Aux cerfs bondissants et dressant leurs têtes,
    Et jetant au ciel des éclats de voix.

    ...
  • Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    Pour l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux,
    Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
    T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
    « Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l’antique désert et les...

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    L'âme triste est pareille
    Au doux ciel de la nuit,
    Quand l'astre qui sommeille
    De la voûte vermeille
    A fait tomber le bruit ;

    Plus pure et plus sonore,
    On y voit sur ses pas
    Mille étoiles éclore,
    Qu'à l'éclatante aurore
    On n'y soupçonnait pas !

    Des îles de lumière
    Plus brillante qu'ici,...

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    Le gel a flétri les rameaux
    Des érables et des ormeaux
    De nos bocages.
    Un frisson de mort a passé.
    Et le vent fauve et courroucé
    Tord les branchages

    Au creux des sillons assoupis
    On ne voit plus tomber d’épis.
    Les nids sont vides ;
    Et les tyroliens ailés
    Quittent nos climats désolés
    Pour les Florides.

    Un froid...

  •                   Avril est de retour.
                      La première des roses,
                      De ses lèvres mi-closes,
                      Rit au premier beau jour ;
                      La terre bienheureuse
                      S’ouvre et s’épanouit ;
                      Tout aime, tout jouit.
    Hélas ! j’ai dans le cœur une tristesse affreuse.

    ...
  • Quare tristis est nima mea.

    I gave my harp to sorrow’s hand
    And she has ruled the chords so long
    They will not speak at my command,
    ...

  • Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
    Rentrez, je ne suis plus l’heureuse jeune fille
    Que vous avez connue en de plus anciens jours.
    Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
    Laissez-moi ma cornette & ma robe de chambre,
    Laissez-moi les porter jusqu’au mois de décembre ;
    Leur timide couleur n’offense point mes yeux :
    C’est comme...

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    SOUS le poids des ans révolus
    Se sont penchés nos fronts moroses,
    Si bien que nous ne savons plus
    Pourquoi les printemps ont des roses.

    Les oublis et les abandons
    Ont mis sur nous leur main méchante,
    Si bien que nous nous demandons
    D’où vient que le rossignol chante.

    Fêtes des forêts et des champs
    Viennent mourir à notre porte....