• I

    Comme la nuit tombe vite !
    Le jour, en cette saison,
    Comme un voleur prend la fuite,
    S’évade sous l’horizon.

    Il semble, ô soleil de Rome,
    De l’Inde et du Parthénon,
    Que, quand la nuit vient de l’homme
    Visiter le cabanon,

    Tu ne veux pas qu’on te voie,
    Et que tu crains d’être pris
    En flagrant délit de...

  •  
    Ô sombre hiver ! Nuit de l’année,
    Viens ! Ne garde plus enchaînée
    La tempête désordonnée.

    Accours des quatre points des cieux ;
    Laisse l’ouragan furieux
    Briser les chênes soucieux.

    Âpre bise, ouragan sonore,
    Accourez tous, je vous implore
    Comme le soleil et l’aurore !

    Que le champ, ce divin aïeul,
    Disparaisse sous un...

  •  
    À Arsène Houssaye.

    Décembre est revenu dans la pluie et la bise
    L’eau du ciel a troublé le miroir des étangs ;
    Les peupliers frileux s’y regardent longtemps,
    Ne reconnaissant plus leur image indécise.

    Plus de feuilles aux bois ; pas un oiseau dans l’air. —
    Voilà presque deux mois qu’elles sont disparues
    Les grandes légions des cygnes...

  •       Vous dont le pinceau téméraire
    Représente l’hiver sous l’image vulgaire
          D’un vieillard faible et languissant,
    Peintres injurieux, redoutez la colère
          De ce dieu terrible et puissant :
          Sa vengeance est inexorable,
    Son pouvoir jusqu’aux cieux sait porter la terreur ;
    Les efforts des Titans n’ont rien de comparable
          Au...

  • Ô petites Parisiennes
    Aux mains de fée, aux doigts subtils,
    Vous qui, pour jouir des avrils,
    Ainsi que nos patriciennes,
    N’avez que quatre jours par mois,
    Les brunettes, les blondinettes,
    Allez, allez, ô Midinettes,
    Cueillir des muguets dans les bois !

    Aucune ville, par le monde,
    Ne possède, comme Paris,
    Des environs aussi...

  •  
    À Albéric Second.

    Dimanche : le soleil, dont les pâles rayons
    Nous font renaître encor lorsque nous les voyons,
    Luit dans le brouillard froid et gris ; les cheminées
    Se dressent sur les toits, noires, chaperonnées
    De tôle ; sur la place, écoutant les accords
    D’un orchestre guerrier, leurs beaux habits dehors,
    Mille bourgeois...

  •  
    Sur sa tige la fleur se penche,
    L’herbe jaunit dans le sillon,
    La feuille tombe de la branche,
    Le soleil baisse à l’horizon ;

    Les bois ont perdu leur mystère,
    Les flots du lac leur bleu miroir,
    Et le sourire de la terre
    A disparu dans le ciel noir.

    Laissant à quelque rameau frêle
    Son pauvre nid vide et glacé,
    L’oiseau s’...

  • Les bois ont dépouillé leur costume. L’été
    A dû livrer au vent sa riche broderie,
    Et les merles moqueurs, qui sifflaient la féérie,
    Ne savent où cacher leur vol vif et heurté.

    Voici venir l’hiver, ceint avec majesté
    De son brouillard ainsi qu’une draperie.
    Il sème sur la terre aride et défleurie
    Les frêles diamants de son givre argenté.

    Et...

  •  
    Au coucher du soleil, toute la forêt semble
    Dans le recueillement : touffes de chênes roux,
    Petits genévriers, maigres buissons de houx,
    N’ont pas dans la lumière une feuille qui tremble.

    On n’entend qu’un oiseau, travailleur attardé,
    Dans le canton lointain des châtaigniers antiques ;
    On écoute à travers les grands bois pacifiques
    Le pivert,...

  • Phébus à la perruque rousse
    De qui les lames de vermeil,
    Ô faunes ivres dans la mousse,
    Provoquaient votre lourd sommeil.

    Le bretteur aux fières tournures
    Dont le brocart était d’ors fins,
    Et qui par ses égratignures
    Saignait la pourpre des raisins.

    Ce n’est plus qu’un Guritan chauve
    Qui, dans son ciel froid verrouillé,
    Le long de...