La Saint-Martin d’hiver

Les bois ont dépouillé leur costume. L’été
A dû livrer au vent sa riche broderie,
Et les merles moqueurs, qui sifflaient la féérie,
Ne savent où cacher leur vol vif et heurté.

Voici venir l’hiver, ceint avec majesté
De son brouillard ainsi qu’une draperie.
Il sème sur la terre aride et défleurie
Les frêles diamants de son givre argenté.

Et pourtant le soleil, par un contraste étrange,
Splendide, épanouit aux cieux sa face d’ange :
Son sourire est si chaud, et son regard si pur,

Que c’est le temps encore, ainsi qu’aux feuilles vertes,
D’aller au fond des bois faire des découvertes
Dans les yeux de la femme aimée ou dans l’azur.

Collection: 
1866

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Et tient entre les quatre arêtes du barreau.

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...

A Catulle mendès.

Les Parisiens, entendus
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Parmi les visions de l'étourdissement ;

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Ce n'était pas le beau...

Du wagon sombre où rien ne bouge, où rien ne luit,
Las des rêves, mauvais compagnons pour la nuit,
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Salue en souriant la campagne qui passe :
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Lointains, sur le penchant...