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    Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
    Petites bouches, petits nez,
    Petites lèvres demi-closes,
    Membres tremblants,
    Si frais, si blancs,
    Si roses !

    Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
    Pour le bonheur que vous donnez,
    À vous voir dormir dans vos langes,
    Espoir des nids
    Soyez bénis,
    Chers anges !

    Pour vos grands yeux...

  • Ils s’en reviennent de l’école,
    Un livre dans leur petit sac.
    — Au loin, on entend le ressac
    De la Creuse qui dégringole.

    L’aîné rapporte une bricole,
    De la chandelle et du tabac.
    Ils s’en reviennent de l’école,
    Un livre dans leur petit sac.

    Mais la nuit vient ; dans sa rigole
    La grenouille fait son coac,
    Et tous les deux, ayant le...

  • Par ma lèvre et mes doigts ardemment désirés,
    O tout petits cheveux échappés et rebelles
    Ébauchant sur son front des boucles naturelles
    Qu’au flexible persil un Grec eût comparés !

    Debout à son miroir, de sa main si légère
    Elle prenait plaisir à vous friser encor,
    Et moi je contemplais le riche et noir trésor,
    Cheveux dont les parfums sont perdus pour...

  • XI

    Petits amis qui sûtes nous prouver
    Par A plus B que deux et deux font quatre,
    Mais qui depuis voulez parachever
    Une victoire où l’on se laissait battre,

    Et couronner vos conquêtes d’un coup
    Par ce soufflet à la mémoire humaine ;
    « Dieu ne vous a révélé rien du tout,
    Car nous disions qu’il n’est que l’ombre...

  • Je n’ai jamais compris l’ambition. Je pense
    Que l’homme simple trouve en lui sa récompense,
    Et le modeste sort dont je suis envieux,
    Si je travaille bien et si je deviens vieux,
    Sans que mon cœur de luxe ou de gloire s’affame,
    C’est celui d’un vieil homme avec sa vieille femme,
    Aujourd’hui bons rentiers, hier petits marchands,
    Retirés tout au bout du...

  • I

    Roulés par d’antiques déluges
    Ou par des torrents disparus,
    Sur tant de chemins parcourus
    Ils ont rencontré des refuges.

    Ils gisent au hasard du temps,
    À la merci brusque de l’homme,
    Dormant leur immobile somme,
    Mornes, gais, obscurs, miroitants.

    Il vous en apparaît, parfois,
    Un...

  •  
    Assis le long du mur dans leurs petits fauteuils,
    Les deux babys chaussés de bottinettes bleues,
    Regardent moutonner des bois de plusieurs lieues
    Où l’automne a déjà tendu ses demi-deuils.

    Auprès du minet grave et doux comme un apôtre,
    Côte à côte ils sont là, les jumeaux ébaubis,
    Tous deux si ressemblants de visage et d’habits
    Que leur mère s...

  • Faisant sonner leur gaieté franche
    Dans leur beau rire à plein gosier,
    Ils massacrent le cerisier,
    Et chacun emporte sa branche.

    Mais quelle branche ! longue et large,
    Toute foisonnante de fruit,
    Qui tremble au soleil et reluit
    En les inclinant sous sa charge !

    Qu’importe ! ils se sauvent là-bas
    Vers le bon ombrage, d’un pas
    Que l’...

  • Son chat, son chien, son porc, sa vache et quelques poules ;
    Dites, le maigre bien du métayer flamand !
    Si, le dimanche, au soir tombant, sa tête est saoule,
    Les autres jours, toujours, il peine obstinément.

    D’un cœur dont rien ne lasse et l’espoir et l’attente
    Il casse ou moud le temps qui ne l’enrichit pas.
    L’été, dans la campagne, avec sa bêche ardente...

  • Un jour, en lisant Lafontaine,
    Je fus me promener aux champs,
    Je m'arrêtai dans une plaine,
    Où paissaient de beaux moutons blancs ;
    Sitôt, ma main quitta mon livre,
    Puis, en soupirant, je disais :
    Tandis que l'homme essaie à vivre...
    Gentils moutons, paissez en paix !

    Nos orateurs à la tribune,
    Grands parleurs, mais petits esprits,
    ...