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    Le rythme argentin de ta voix
    Dans mes rêves gazouille et tinte,
    Chant d’oiseau, bruit de source au bois,
    Qui réveillent ma joie éteinte.

    Mais les bois n’ont pas de frissons,
    Ni les harpes éoliennes,
    Qui soient si doux que tes chansons,
    Que tes chansons tyroliennes.

                                *

    Parfois le vent m’apporte encor...

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    GRAND artiste couché sous la terre éplorée,
    Vaincu frappé debout sous la pierre étendu,
    Rêveur déchu du haut de ton rêve éperdu,
    Je veux chanter envers ta mémoire sacrée.

    L’outil dur des graveurs dans la main inspirée,
    Comme un stylet de feu vers l’idéal tendu,
    De l’âpre vérité fouillant le ciel ardu,
    Y traça dans l’art pur, une route ignorée...

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    Tandis qu’au soleil lourd la campagne d’automne
    Filait inertement son rêve de stupeur,
    Nous traversions la brande aride et monotone
    Où le merle envahi du spleen enveloppeur
    Avait un vol furtif et tremblotant de peur.
    Nous longions un pacage, un taillis, une vigne ;
    Puis au fond du ravin que la ronce égratigne
    Apparaissait la Creuse aux abords...

  • Nous étions, une année, en Suisse
    Un ami et moi, son complice,
    Ni plus ni moins que deux Anglais ;
    Quand il nous prit la fantaisie
    D’aller voir, en leur Valaisie,
    Ces messieurs crétins du Valais.

    Un jour, donc, par un temps propice,
    Nous dévalions à Saint-Maurice.
    Sis entre deux monts sourcilleux,
    Et le chef-lieu du crétinisme,
    Si l’...

  • Dans une grande fête, un jour, au Panthéon,
    J’avais sept ans, je vis passer Napoléon.

    Pour voir cette figure illustre et solennelle,
    Je m’étais échappé de l’aile maternelle ;
    Car il tenait déjà mon esprit inquiet.
    Mais ma mère aux doux yeux, qui souvent s’effrayait
    En m’entendant parler guerre, assauts et bataille,
    Craignait pour moi la foule, à cause...

  • Fatigué, brisé, vaincu par l'ennui,
    Marchait le voyageur dans la plaine altérée,
    Et du sable brûlant la poussière dorée
    Voltigeait devant lui.

    Devant la pauvre hôtellerie,
    Sous un vieux pont, dans un site écarté,
    Un flot de cristal argent
    Caressait la rive fleurie.

    Deux oisillons,...

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    A la princesse D....

    C’est un parc Scandinave, aux sapins toujours verts,
    Où le vent automnal Courbe les fleurs d’hivers
    Dans les vases de marbre anciens sur la terrasse ;
    Et la vierge royale en qui revit la race
    Des brumeux Suénon dont son père descend,
    L’enfant blanche aux yeux clairs, la princesse du sang,
    Immobile...

  • Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante
    S’éteignit tout à coup dans un mot commencé ;
    Quand ses yeux, soulevant leur paupière brûlante,
    Me blessèrent d’un mal dont je le crus blessé ;
    Quand ses traits plus touchants, éclairés d’une flamme
                Qui ne s’éteint jamais,
    S’imprimèrent vivants dans le fond de mon âme ;
                Il n’...

  •     Toujours je pleure au nom de mon enfant :
        Sans sa beauté rien n’est beau dans ma vie.
    Du monde et de ses biens, c’est le seul que j’envie,
    Mais je ne l’attends plus, la mort me le défend.

        Je le revois dans la fleur éphémère ;
        Elle apparaît pour sourire et périr :
    Comme elle, mon enfant, sur le sein de sa mère,
    Après avoir souri, se...

  • Oui, tu es parti ! et jamais plus
    Ton sourire ensoleillé ne me réjouira ;
    Mais je peux franchir la porte de la vieille église,
    Arpenter le sol qui te recouvre,

    Me tenir sur la pierre froide et humide,
    Et penser que dessous, glacé, repose
    Le cœur le plus enjoué que j’...