• Chabrier, nous faisions, un ami cher et moi,
    Des paroles pour vous qui leur donniez des ailes,
    Et tous trois frémissions quand, pour bénir nos zèles,
    Passait l’Ecce deus et le Je ne sais quoi.

    Chez ma mère charmante et divinement bonne,
    Votre génie improvisait au piano,
    Et c’était tout autour comme un brûlant anneau
    De sympathie et d’aise aimable qui...

  • Dieu, nous voulant amis parfaits, nous fit tous deux
    Gais de cette gaîté qui rit pour elle-même,
    De ce rire absolu, colossal et suprême,
    Qui s’esclaffe de tous et ne blesse aucun d’eux.

    Tous deux nous ignorons l’égoïsme hideux
    Qui nargue ce prochain même qu’il faut qu’on aime
    Comme soi-même : tels les termes du problème,
    Telle la loi totale au texte...

  •  
          La fille du gai Thespis
               Est tout endormie
          Et penche son front de lys
               Sur sa main blêmie.
          Ses Bacchantes aux doux yeux
          Ne versent plus le vin vieux ;
          Assez de pleurs ! j’aime mieux
               L’amour de ma mie.

          On dit que nous triomphons !
               O gaîté facile,...

  • XXIX

    Puisqu’il plut au Seigneur de te briser, poète ;
    Puisqu’il plut au Seigneur de comprimer ta tête
    De son doigt souverain,
    D’en faire une urne sainte à contenir l’extase,
    D’y mettre le génie, et de sceller ce vase
    Avec un...

  •  
    Tu ne te souviens pas d’avoir vu le soleil
    Qui dore l’horizon, le flot, l’arbre, la pierre,
    Car le destin ferma pour toujours ta paupière,
    Sitôt qu’elle eut souri dans ton berceau vermeil.

    Or, quand s’évanouit l’éclair de ta prunelle,
    Le génie en ton âme alluma son flambeau ;
    Et l’œil de ta pensée a vu l’astre du Beau,
    Ton esprit, pour l’...

  • Vous vous êtes penché sur ma mélancolie,
    Non comme un indiscret, non comme un curieux,
    Et vous avez surpris la clef de ma folie,
    Tel un consolateur attentif et pieux ;

    Et vous avez ouvert doucement ma serrure,
    Y mettant tout le temps, non ainsi qu’un voleur,
    Mais ainsi que quelqu’un qui préserve et rassure
    Un triste possesseur peut-être recéleur....

  •  
    I

    De Pange, le mortel dont l'âme est innocente,
    Dont la vie est paisible et de crimes exempte,
    N'a pas besoin du fer qui veille autour des rois ;
    Des flèches dont le Scythe a rempli son carquois ;
    Ni du plomb que l'airain vomit avec la flamme.
    Incapable de nuire, il ne voit dans son âme
    Nulle raison de crainte, et loin de s'alarmer,
    ...

  •  
    Nous n’avons demandé le secours d’aucun roi ;
    Mais on te peut tout dire et confier, à toi,
    Soldat républicain, cœur loyal, homme juste
    Dont rien n’a pu lasser le dévoûment robuste.
    Nous sommes en danger, Garibaldi ! Depuis
    Deux sombres mois plus noirs et plus lourds que les nuits,
    L’invasion est là, piétinant sur la France.
    Cris de rage,...

  •  
    La Beauté, fatal aimant,
    Est pareille au diamant
    Que la fange peut mouiller
    Sans le souiller.

    Jusqu’au milieu du ruisseau,
    L’éclat pur de son berceau
    Garde un charme essentiel
    ...

  • George Sand ! ô beauté, cœur, âme, esprit, génie,
    Rien n'a troublé jamais ton effort valeureux,
    Et ta pensée, en pleurs comme une Iphigénie,
    Combattait pour le pauvre et pour le malheureux.

    Car tu les as chéris comme une douce mère.
    Femme, tu partageas leur deuil et leur émoi ;
    Et, le cœur déchiré par son angoisse amère,
    Pitié, labeur, amour, tout...