• Mai, le plus amoureux des mois,
    Fleurit et parfume les haies.
    Allons-nous-en dans les chênaies,
    Égarons-nous au fond des bois !
    Cherchons la source et les clairières,
    Dormons à l’ombre du bouleau ;
    Un bon soleil ami de l’eau
    Sourit aux flaques des carrières.

    Et tous deux nous nous enfonçons
    Dans la campagne ! et, champs, prairies,
    ...

  •     Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie,
        D’un jour d’automne et pâle et languissant ?
        Il semblait dire un adieu gémissant
    Aux bois qu’il attristait de sa mélancolie.
    Les oiseaux dans les airs ne chantaient plus l’espoir ;
    Une froide rosée enveloppait leurs ailes,
    Et, rappelant au nid leurs compagnes fidèles,
    Sur des rameaux sans fleurs ils...

  •  
    I

    LE VER.
    Le soir est triste et froid. La lune solitaire
    Donne comme à regret ses rayons à la terre ;
    Le vent de la forêt jette un cri déchirant ;
    Le flot du Saint-Laurent semble une voix qui pleure,
    Et la cloche d'airain fait vibrer d'heure en heure
    Dans le ciel nuageux son glas retentissant.

    C'est le premier novembre. Au fond du...

  •  
    « Accourez tous !… battez la caisse !… le spectacle,
    Si la mauvaise humeur du temps n’y met obstacle,
    Sera fort curieux. Depuis Rome, cela
    Ne s’était jamais vu !… c’est un royal gala !
    César de Prusse, ainsi que les césars antiques,

    Traînant après son char, avec leurs sciatiques,
    Leur honte sur le front, et leurs maux inconnus
    Comme la...

  • D’APRÈS UNE EAU-FORTE DE LEYS

    Une ville gothique, avec tout son détail,
    Pignons, clochers et tours, forme la perspective ;
    Par les portes s’élance une foule hâtive,
    Car déjà le printemps des prés verdit l’émail.

    Le bourgeois s’endimanche et quitte son travail ;
    L’amoureux par le doigt tient l’amante craintive,
    D’une...

  •  
    La rosée arrondie en perles
    Scintille aux pointes du gazon ;
    Les chardonnerets et les merles
    Chantent à l’envi leur chanson ;

    Les fleurs de leurs paillettes blanches
    Brodent le bord vert du chemin ;
    Un vent léger courbe les branches
    Du chèvrefeuille et du jasmin ;

    Et la lune, vaisseau d’agate,
    Sur les vagues des rochers bleus...

  • CETTE nuit, au hasard, j’ai marché par la ville.
    Tout m’a paru muet, solitaire, tranquille.
    Il faisait clair de lune, il soufflait de doux vents.
    Les poumons se sentaient heureux d’être vivants.
    Dans le ciel comme sur la terre, rien d’acerbe ;
    L’ombre avait des rayons, et les pavés de l’herbe.
    Moi seul, dans ce repos portant un cœur amer,
    J’allais...

  • A Emmanuel des Essarts.

    Ce n'est pas d'hier que d'exquises poses
    Me l'ont révélée, un jour qu'en rêvant
    J'allais écouter les chansons du vent.

    Ce n'est pas d'hier que les teintes roses
    Qui passent parfois sur sa joue en fleur
    M'ont parlé matin, aurore, fraîcheur,

    Que ses clairs yeux bleus et sa chevelure
    Noire, sur la nuque et sur le...

  • À Edmond Morin.

    Dans le parc au noble dessin
    Où s'égarent les Cidalises
    Parmi les fontaines surprises
    Dans le marbre du clair bassin,

    Iris, que suit un jeune essaim,
    Philis, Églé, nymphes éprises,
    Avec leurs plumes indécises,
    En manteau court, montrant leur sein,

    Lycaste, Myrtil et Sylvandre
    Vont, parmi la verdure tendre,...

  • Le ciel si pâle et les arbres si grêles
    Semblent sourire à nos costumes clairs
    Qui vont flottant légers avec des airs
    De nonchalance et des mouvements d'ailes.

    Et le vent doux ride l'humble bassin,
    Et la lueur du soleil qu'atténue
    L'ombre des bas tilleuls de l'avenue
    Nous parvient bleue et mourante à dessein.

    Trompeurs exquis et coquettes...