• Poëte, on t’applaudit ! poëte, on te couronne !
    Le laurier du vainqueur sur ta tête rayonne ;
    Le passant jette à flots des fleurs sur ton chemin ;
    Au tournoi de la lyre on t’a cédé l’arène ;
    Ta muse à ses rivaux sourit en souveraine :
    Et je ne suis plus là pour te serrer la main !

     

    Pourtant, naguère encor, suivant la même étoile,
    Nous n’avions...

  •  
    Bientôt viendra le doux printemps
    Chasser la neige, les autans,
    Les jours moroses ;
    Bientôt les feuilles renaîtront,
    Et les oiseaux nous reviendront
    Avec les roses.

    Bientôt, de nos rudes climats,
    Disparaîtront les blancs frimas,
    Les froids sévères ;
    Et nous pourrons, d’un œil charmé
    Voir éclore aux rayons de mai
    Les...

  •  
    Toi que la vie à peine effleure de son aile ;
    Toi qui de l’innocence, au fond de ta prunelle,
    Gardes encor l’éclat vermeil ; —
    Enfant ! toi dont les jours sont pleins de douces choses,
    Et qui ne vois, la nuit, que des chimères roses
    Qui se penchent sur ton sommeil !

    Toi qui goûtes encor les tendresses sans nombre
    De celle devant qui s’...

  •  
    Quand l’aigle est fatigué de planer dans la nue,
    Retraversant l’espace en son vol triomphant,
    Il revient se poser sur la montagne nue,
    Qui tressaille d’orgueil en voyant son enfant !

    Peintre, tu nous reviens, ainsi que l’aigle immense
    Qui, faisant trève un jour à son sublime essor,
    Avant que dans les cieux sa course recommence,
    Se repose un...

  •  

    Fleurs des bois, fleurs des prés, fleurs aux formes parfaites,
    Quelle peine sincère, en ce mois, vous nous faites !
    Vos coupes de parfums, vos vases de couleurs,
    Vos calices de miel, vos corolles de pleurs,
    Vos feuillages luisants, vos tiges élancées
    Harmonieusement par la brise bercées,
    Rien de votre beauté frêle n’a parfumé
    Ni réjoui ce...

  • I

    Ainsi, toujours, vers l’azur noir
    Où tremble la mer des topazes,
    Fonctionneront dans ton soir
    Les Lys, ces clystères d’extases !

    À notre époque de sagous,
    Quand les Plantes sont travailleuses,
    Le Lys boira les bleus dégoûts
    Dans tes Proses religieuses !

    − Le lys de monsieur de Kerdrel,
    Le Sonnet de mil huit cent trente,
    Le...

  •  
    Renversé doucement dans les bras de Thaïs,
    Le front ceint d’un léger nuage,
    Je lui disois : lorsque tu me souris,
    Peut-être sur ma tête il s’élève un orage.
    Que pense-t-on de mes écrits ?
    Je dois aimer mes vers, puisqu’ils sont ton ouvrage.
    Occuperai-je les cent voix
    De la vagabonde déesse ?
    À ses faveurs pour obtenir des droits,
    ...

  •  
    I

    Nous sommes sur les bords du Saint-Laurent sauvage.
    Le fleuve, déployant l’orbe de son rivage,
    En gracieux ovale épanche son flot pur.
    Avec ses roseaux verts chantant comme une harpe,
    La rive se déroule en amoureuse écharpe
    Encadrant un miroir d’azur.

    Du fond de la forêt montait des voix sans nombre.
    Connue un œil entr’ouvert au fond...

  • Deux guerriers ont couru l’un sur l’autre ; leurs armes
    Ont éclaboussé l’air de lueurs et de sang.
    Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes
    D’une jeunesse en proie à l’amour vagissant.

    Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
    Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
    Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse.
    — Ô fureur des...

  •  
    Les jours de soleil sont passés,
    Et l’automne fait sa vendange ;
    Dans l’enceinte des trépassés,
    La feuille tombe à flots pressés :
    Dors, mon doux ange !

    Il était frais et blond comme un Enfant-Jésus…
    Dieu nous envoie, hélas ! des douleurs bien cruelles.
    Un soir, je le berçais ; des anges sont venus
    Qui l’ont emporté sur leurs ailes,...