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    « Eripuit cælo fulmen. »

    I

    DEVANT les splendeurs d’un autre-âge,
    Les siècles longtemps prosternés
    Tendaient vainement leur courage
    Vers la gloire de leurs aînés.
    Les spectres de Rome et d’Athènes
    Voilaient, de leurs ailes lointaines,
    La route à la postérité
    Et l’avenir demeuré sombre,
    ...

  • Quand le Titan roula des voûtes immortelles,
    Foudroyé par le bras du Kronide irrité,
    Les pleurs ne mouillaient point ses farouches prunelles.
    Il se sentait vaincu, mais toujours indompté.

    Sous l’ongle du vautour à ses flancs incrusté,
    Il amassait en lui les douleurs fraternelles,
    Et gardait sur son front, meurtri de grands coups d’ailes,
    L’espoir de...

  • Frappe encor, Jupiter, accable-moi, mutile
    L’ennemi terrassé que tu sais impuissant !
    Écraser n’est pas vaincre, et ta foudre inutile
    S’éteindra dans mon sang,

    Avant d’avoir dompté l’héroïque pensée
    Qui fait...

  • Hélas ! il est cloué sur les croix du Caucase,
    Le Titan qui, pour nous, dévalisa les cieux !
    Du haut de son calvaire il insulte les dieux,
    Raillant l’Olympien dont la foudre l’écrase.

    Mais du moins, vers le soir, s’accoudant à la base
    Du rocher où se tord le grand audacieux,
    Les nymphes de la mer, des larmes dans les yeux,
    Échangent avec lui quelque...

  • Le vautour affamé qui du vieil Prométhée
    Becquette sans repos le poumon renaissant,
    Et le vase maudit où le dieu punissant
    Envoya nos malheurs au fol Epiméthée,

    Celui par qui amont est la pierre portée,
    Celui qui altéré vit dans l'eau languissant,
    Celles qui vont en vain leurs cuves remplissant,
    Ce n'est que fiction à plaisir rapportée.

    ...

  • Amour m'a fait un second Prométhée
    Que le vautour va sans fin dévorant,
    Un papillon qui va s'enamourant
    De la clarté qui lui est présentée,

    Un seul Phénix à la flamme apprêtée
    Qui pour autrui tout soudain va mourant,
    Icare aussi dont la chute éventé
    Refroidit ceux qui haut vont aspirant,

    Je suis encore un Tantal' misérable,
    Sisyph...