Siméon-Guillaume de La Roque

  • Je me vais comparant à la mer vagabonde
    Où vont toutes les eaux de ce grand univers,
    Parce que mes ennuis et mes soucis divers
    Descendent de mon coeur d'une fuite seconde.

    La mer pour le tribut qui de son sein abonde
    Ne surpasse jamais ses hauts bords...

  • Puisque je reconnais que le ciel détermine
    Que je languisse encor en la captivité,
    Je me tiens bienheureux qu'une telle beauté
    Me cause en la servant le bien ou la ruine,

    Ainsi que j'aperçois que ma raison encline
    A rendre à vos beaux yeux toute ma liberté....

  • Je vous avais donné tous les dons que les cieux
    Peuvent jamais donner à quelque grand' déesse,
    L'honneur, la majesté, la grâce et la hautesse,
    Les appas pour charmer les hommes et les dieux.

    Je parais votre sein de beaux lys gracieux,
    Vous donnant de Vénus l'oeil...

  • Ô toi qui fais séjour, orgueilleuse Sirène,
    Sur l'océan des pleurs des plus fermes amants,
    Qui fais briser ma nef sur des rochers d'aimant
    Où mon espoir flatteur me conduit et me mène,

    Hé ! verrai-je sans fin une espérance vaine
    Tromper mes tristes jours qui se...

  • Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire,
    Qui fuit sa même espèce et la clarté du jour,
    De nouveau transformé par la rigueur d'Amour,
    Pour annoncer l'augure au malheureux vulgaire.

    J'apprends à ces rochers mon tourment ordinaire,
    Ces rochers plus secrets...

  • J'étais en liberté quand celle qui m'engage
    Dessous un voile blanc me cachait ses beaux yeux,
    Mais las ! c'était en vain, car l'épais d'un nuage
    Ne le saurait cacher comme l'astre des cieux.

    Puis opposant ma vue à ses rais gracieux,
    Je la suivais partout sans...

  • Or que la nuit et le silence
    Donnent place à la violence
    Des tristes accents de ma voix,
    Sortez, mes plaintes désolées,
    Étonnez parmi ces vallées
    Les eaux, les rochers et les bois !

    Je viens sous la fraîcheur de l'ombre
    Pour augmenter l'amoureux...

  • Obscur vallon, montagne sourcilleuse
    Qui vers Phoebus tient opposé le dos,
    Nuit solitaire, hôtesse du repos,
    Démons voisins de l'onde stygieuse,

    Rocher pierreux, et vous caverne hideuse
    Où les lions et les ours sont enclos,
    Hiboux, corbeaux, augures d'Atropos...

  • Sous les ombres du bois, au bord d'une fontaine,
    Passant et ma tristesse et la chaleur des jours,
    Je trouvai la beauté cause de mes amours
    Qui me fit dans le coeur une plaie inhumaine.

    Par ce prompt accident, je vois ma mort prochaine,
    Je vois ma mort prochaine...

  • Sentir d'un feu brûlant l'extrême violence
    Sans qu'une mer de pleurs le puisse modérer,
    Plus on souffre de mal pouvoir moins soupirer,
    Et celer dans le coeur ce qui plus vous offense.

    Mourir près d'un sujet, languir en son absence,
    Tantôt rougir, pâlir,...