Naufragé converti, j’ai voué ma carène
Au repos absolu ; je vous renonce, ô mers !
Et vous, dangers aimés, traîtres cieux, bords pervers,
Hurlements de Charybde, appels de la Syrène !

Ainsi je me berçais sur la plage sereine,
Lorsqu’un cri de détresse émeut soudain...

J’ai mon sein, j’ai dans mon âme
Un désir d’amour étouffant :
Que veut mon rêve ? est-ce une femme,
Blonde et pure comme une enfant ?

Est-ce une vierge qui m’attire,
Pâle sous l’or de ses cheveux ?
J’aime et j’étouffe et ne sais dire,
Ô mon cœur fou,...

Poet: Jean Lahor

La lune luit ; le ciel est bleu ; le grillon chante ;
Nulle âme en ce moment n’a droit d’être méchante.
Tout contour s’amollit sous la douce clarté
Que dans le grand ciel bleu fait cette nuit d’été.
Les chevreuils, les faisans, les cerfs connaissent l’heure
Où dans...

L’immensité t’écrase, — impasse
Dont les sphères sont l’horizon ;
Regarde à tes pieds, ô Raison !
Les cieux sont hauts, ta vue est basse.

Vois ! pour l’humble ciron qui passe,
L’univers est fait d’un gazon ;
Une heure écoule une saison ;
Le point lui-...

Arlequin au nez noir, Pierrot au masque blême
Me font envie ; et c’est mon intime souhait
De vivre dans ce monde idéal et muet,
Où, comme parmi nous, l’on s’agite et l’on aime.

L’un ou l’autre incarnant mon esprit inquiet,
Je tournerais dans un rôle toujours le...

Poet: Léon Valade

J’ai reposé mon cœur avec tranquillité
Dans l’asile très-sûr d’un amour très-honnête.
La lutte que je livre au sort est simple et nette,
Et tout peut m’y trahir, non la virilité.

Je ne crois pas à ceux qui pleurent, l’âme éprise
De la sonorité de leurs propres...

Il est charmant ce paysage,
Peu compliqué, mais que veux-tu ?
Ce n’est qu’une mer de feuillage
Où, timide, à peine surnage
Un tout petit clocher pointu.

Au premier plan, toujours tranquille,
La Saône reluit au matin.
Par instants de l’herbe immobile...

Aux rayons de l’ardent soleil de thermidor,
Sous le riche manteau de ses moissons, la plaine
Semble assoupie, ainsi qu’une génisse pleine
Que son labeur épuise et fait souffrir encor.

Aucun oiseau dans l’air pesant ne prend l’essor ;
Seuls, planent ça et là de...

Les hommes sont aux champs et chaque maison vide,
Muette et close aux feux étouffés du soleil,
Sous le poids lourd d’un ciel à l’ardoise pareil,
S’endort dans la torpeur de son ombre livide.

Miroitement aigu dans ce calme de mort,
La tuile qui reluit a des éclairs...

Poet: Jules Breton

Minuit. — La bise mord comme sur l’esplanade
Du château d’Elseneur, pendant la promenade
Que je fais, l’arme au bras, bizarre, dans mon coin.
Je veille sur six cent trente bottes de foin.
Telle est ma fonction à l’heure des doux rêves.
Un petillement sourd de...