• À L’HOMME D’AUJOURD’HUI

    Songe au monde et sois fier, toi qui vis en ce temps.
    Il vibre, exulte et bat, selon ton cœur battant ;
    Il accepte ton rythme et jamais ta pensée
    Ne s’est aussi humainement divinisée.

    Les Dieux ne sont plus rien ou sont ce que tu es ;
    Leur infini s’ébranle au vent de tes projets ;...

  • Tu savais bien qu’un jour il faudrait choir enfin,
    Mais tu n’imaginais ni Séjan, ni Rufin.
    Tu te croyais de ceux que la haine publique
    Frappe furtivement d’un coup de foudre oblique ;
    Tu t’étais figuré qu’on te renverserait
    Sans te faire de mal, doucement, en secret,
    Avec précaution, sans bruit, à la nuit close,
    Et priant un ami de te dire la chose,...

  •  

    Jeune homme au cœur léger., ne touche point la lyre,
    Va demander ta joie aux rêves d’ici-bas.
    La pensée est un glaive, et sa pointe déchire
    La main de l’imprudent qui ne la connaît pas.

    Au temps que Jupiter, de la voûte éthérée
    Descendait, à l’odeur de l’hécatombe en feu,
    Quelqu’un vit, sur l’autel, dans la coupe dorée,
    Un reste de nectar...

  • Un bon homme de mes parents,
        Que j'ai connu dans mon jeune âge,
    Se faisait adorer de tout son voisinage;
    Consulté, vénéré des petits et des grands,
    Il vivait dans sa terre en véritable sage.
        Il n'avait pas beaucoup d'écus,
    Mais cependant assez pour vivre dans l'aisance;
        En revanche, force vertus,
        Du sens, de l'esprit par dessus,...

  •  

    En attendant qu’on m’enterre,
    Aujourd’hui, j’veux êtr’ très gai.
          Flon, flon flon, lariradondaire,
          Gai, gai, gai, lariradondé.

    Je n’fais pas beaucoup d’affaires ;
    L’verr’ cassé n’est pas d’mandé.
          Flon, flon, etc.

    Ma pauvr’ femm’ non plus n’gagn’ guère ;
    Lui faut trop d’litr’s dans l’gésier.
          Flon, flon, etc...


  • ...

  • Mais quel Astre, étalant son écharpe d’albâtre,
    Blanchit des vastes Cieux le pavillon bleuâtre ?
    Laissez-moi contempler, du front de ces coteaux,
    Ce disque réfléchi qui tremble sur les eaux !
    Liée à nos destins par droit de voisinage,
    La Lune nous échut à titre d’apanage ;...

  •  
    Heureux l’homme qui voue en sa pensée austère
    Un temple intérieur à l’éternel mystère
    Et grave comme un prêtre, humble comme un enfant,
    Ignore, cherche, espère, et médite, et défend
    La porte de son âme aux amours illusoires !
    Heureux qui se réveille et sort des cités noires
    Comme un soldat des camps, comme un marin des...

  • Homme dont la tristesse est écrite d’un bout
    Du monde à l’autre, et même aux murs de la campagne,
    Forçat de l’hôpital et malade du bagne ;

    Dormeur maussade, à qui chaque aube dit : « Debout ! »
    Voyageur douloureux qu’attend la Mort, auberge
    Où l’on vend le lit dur et les pleurs blancs du cierge,

    Tu gémis, étonné de te sentir si las ;
    Puis un jour tu...

  • Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom,
    Esprit mystérieux, mortel, ange ou démon,
    Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
    J’aime de tes concerts la sauvage harmonie,
    Comme j’aime le bruit de la foudre et des vents
    Se mêlant dans l’orage à la voix des torrents !
    La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine :
    L’aigle, loin des déserts,...