« Heureux l’homme qui voue »

 
Heureux l’homme qui voue en sa pensée austère
Un temple intérieur à l’éternel mystère
Et grave comme un prêtre, humble comme un enfant,
Ignore, cherche, espère, et médite, et défend
La porte de son âme aux amours illusoires !
Heureux qui se réveille et sort des cités noires
Comme un soldat des camps, comme un marin des flots !
Heureux qui songe à l’heure où les destins sont clos !
Déjà l’immense paix l’ombrage de son aile ;
Un crépuscule blême au fond de sa prunelle
Met une lueur sombre et fauve tour à tour,
Qui, n’étant plus la nuit, n’est pas encor le jour.
Et tout, soupirs, sanglots, plaintes, rumeurs profondes,
Tumulte humain, se tait comme le bruit des ondes
Lorsque la mer s’endort sur les sables épars.
Paisible, de la rive il rêve aux grands départs,
Au navire inconnu qui dans l’ombre appareille
Et l’emporte et s’en va vers la côte vermeille
Où, sous les pins courbés, immobiles et beaux,
Les rocs prennent, le soir, la forme des tombeaux.
Comme le voyageur qui, seul dans la nuit brune,
À travers les agrès voit se lever la lune,
Heureux qui, sans faiblir, regarde fixement
Croître la mort sereine au bord du firmament !

 
Heureux l’homme qui voue en sa pensée austère
Un temple intérieur à l’éternel mystère
Et grave comme un prêtre, humble comme un enfant,
Ignore, cherche, espère, et médite, et défend
La porte de son âme aux amours illusoires !
Heureux qui se réveille et sort des cités noires
Comme un soldat des camps, comme un marin des flots !
Heureux qui songe à l’heure où les destins sont clos !
Déjà l’immense paix l’ombrage de son aile ;
Un crépuscule blême au fond de sa prunelle
Met une lueur sombre et fauve tour à tour,
Qui, n’étant plus la nuit, n’est pas encor le jour.
Et tout, soupirs, sanglots, plaintes, rumeurs profondes,
Tumulte humain, se tait comme le bruit des ondes
Lorsque la mer s’endort sur les sables épars.
Paisible, de la rive il rêve aux grands départs,
Au navire inconnu qui dans l’ombre appareille
Et l’emporte et s’en va vers la côte vermeille
Où, sous les pins courbés, immobiles et beaux,
Les rocs prennent, le soir, la forme des tombeaux.
Comme le voyageur qui, seul dans la nuit brune,
À travers les agrès voit se lever la lune,
Heureux qui, sans faiblir, regarde fixement
Croître la mort sereine au bord du firmament !

Collection: 
1873

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