Quand on est plein de jours, gaîment on les prodigue ;
Leur flot bruyant s'épanche au hasard et sans digue ;
C'est une source vive et faite pour courir,
Et qu'aucune chaleur ne doit jamais tarir ;
Pourtant la chaleur vient, et l'eau coule plus rare ;
La source baisse ; alors le prodigue est avare :
Incliné vers ses jours comme vers un miroir,
...
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XXIV
Quand tu me parles de gloire,
Je souris amèrement.
Cette voix que tu veux croire,
Moi, je sais bien qu’elle ment.La gloire est vite abattue ;
L’envie au sanglant flambeau
N’épargne cette statue
Qu’assise au... -
Quand tu me racontes les frasques
De ta chienne de vie aussi,
Mes pleurs tombent gros, lourds, ainsi
Que des fontaines dans des vasques,
Et mes longs soupirs condolents
Se mêlent à tes récits lents.Tu me dis tes amours premières :
Fille des champs avec des gars,
Puis fille en ville aux fols écarts
Et les trahisons coutumières
Et... -
Quand verrai-je les îles où furent des parents ?
Le soir, devant la porte et devant l'océan
on fumait des cigares en habit bleu barbeau.
Une guitare de nègre ronflait, et l'eau
de pluie dormait dans les cuves de la cour.
L'océan était comme des bouquets en tulle
et le soir triste comme l'été et une flûte.
On fumait des cigares noirs et leurs... -
Sur sa tige la fleur se penche,
L’herbe jaunit dans le sillon,
La feuille tombe de la branche,
Le soleil baisse à l’horizon ;Les bois ont perdu leur mystère,
Les flots du lac leur bleu miroir,
Et le sourire de la terre
A disparu dans le ciel noir.Laissant à quelque rameau frêle
Son pauvre nid vide et glacé,
L’oiseau s’... -
Quand vous considérez en cette claire glace
De vos perfections les belles raretés,
Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce
Que tout oeil reconnaît aux traits de vos beautés.De quoi vous peut servir de savoir être belle ?
C'est cela que sans plus vous montre le miroir,
Mais dans le cœur amant qui vous est tout fidèle
Vous verrez vos... -
Quand vous m’avez quitté, boudeuse et mutinée
Secouant mes baisers, comme un arbre ses fleurs,
Je restai seul, debout, près de la cheminée,
Me forçant au sourire, et me sentant des pleurs.C’était le premier doute et le premier nuage
Dans ce beau ciel d’amour qu’un souffle peut ternir,
Et me croyant bien fort, et me posant en sage,
J’avais... -
XXXII
Quand vous vous assemblez, bruyante multitude,
Pour aller le traquer jusqu’en sa solitude,
Vous excitant l’un l’autre, acharnés furieux,
— Ne le sentez-vous pas ? — le peuple sérieux,
Qui rêvait à vos cris un dragon dans son... -
Quand vous voyez, que l’estincelle
De chaste Amour soubz mon esselle
Vient tous les jours a s’allumer,
Ne me debvez vous bien aymer ?Quand vous me voyez tousjours celle,
Qui pour vous souffre, & son mal cele,
Me laissant par luy consumer,
Ne me debvez vous bien aymer ?Quand vous voyez, que pour moins belle
Je ne prens contre vous... -
Ô France, ton malheur m'indigne et m'est sacré.
Je l'ai dit, et jamais je ne me lasserai
De le redire, et c'est le grand cri de mon âme,
Quiconque fait du mal à ma mère est infâme.
En quelque lieu qu'il soit caché, tous mes souhaits
Le menacent ; sur terre ou là-haut, je le hais.
César, je le flétris ; destin, je le secoue.
Je questionne l'...