•  
    Je vis la Mort, je vis la Honte ; toutes deux
    Marchaient au crépuscule au fond du bois hideux.

    L’herbe informe était brune et d’un souffle agitée.

    Et sur un cheval mort la Mort était montée ;
    La Honte cheminait sur un cheval pourri.

    Des vagues oiseaux noirs on entendait le cri.

    Et la Honte me dit : — Je m’appelle la Joie.
    Je vais au bonheur...

  • I

    A L'ALLEMAGNE

    Aucune nation n'est plus grande que toi ;
    Jadis, toute la terre étant un lieu d'effroi,
    Parmi les peuples forts tu fus le peuple juste.
    Une tiare d'ombre est sur ton front auguste ;
    Et pourtant comme l'Inde, aux aspects fabuleux,
    Tu brilles ; ô pays des hommes aux yeux bleus,
    ...

  •  

    LE POÈTE

    Oui, le reproche est juste, et je sens qu'à mes vers
    La rime vient toujours se coudre de travers.
    ...

  •  
        Entre dans mon royaume, envahis mon empire.
        La grande salle a des colonnes de porphyre…
        Nous y célébrerons les lumineux festins
        Et nous réjouirons avec les morts hautains
        Et les mortes charmantes.

        Les princesses et les reines et les amantes,
        Paradant et riant comme en leurs plus beaux jours,
        Revêtiront pour nous...

  • XI

    Dès votre premier cri, Jeanne, vous excitiez
    Nos admirations autant que nos pitiés ;
    Vous naissiez ; vous aviez cette toute-puissance,
    La grâce ; vous étiez la crèche qu'on encense,
    L'humble marmot divin qui n'a point encor d'yeux,
    Et qu'une étoile vient chercher du haut des cieux ;
    Puis vous eûtes six jours, vous eûtes...

  •  
    La trombe éclate, il grêle sur mon champ ;
    Adieu mes blés, mes roses que je pleure !
    La foudre encor va tomber tout à l’heure ;
    Un tourbillon s’amoncelle au couchant.

    Dans tout le ciel se heurtent les nuages ;
    Celui-là passe, un plus sombre le suit...
    Voilà pourtant qu’un peu d’azur nous luit,
    Un rayon d’or glisse entre deux orages.

    ...

  • I

    Ma vie entre déjà dans l’ombre de la mort,
    Et je commence à voir le grand côté des choses.
    L’homme juste est plus beau, terrassé par le sort ;
    Et les soleils couchants sont des apothéoses.

    Brutus vaincu n’a rien dont s’étonne Caton ;
    Morus voit Thraséas et se laisse proscrire ;
    Socrate, qu’Anitus fait boire au Phlégéthon,...

  • Quand je te vis entre un millier de Dames,
    L'elite et fleur des nobles, et plus belles,
    Ta resplendeur telle estoyt parmy elles,
    Quelle est Venus sur les celestes flames.

    Amour adonq' se vangea de mille ames
    Qui luy avoyent jadis esté rebelles,
    Telles tes yeux eurent leurs estincelles
    Par qui les cueurs d'un chacun tu enflames.

    Phebus...

  • Ô, entre tes beautez, que ta constance est belle !
    C'est ce coeur asseuré, ce courage constant,
    C'est, parmy tes vertus, ce que l'on prise tant :
    Aussi qu'est il plus beau qu'une amitié fidelle ?

    Or, ne charge donc rien de ta soeur infidele,
    De Vesere, ta soeur : elle va s'escartant,
    Tousjours flotant mal seure en son cours inconstant :
    Voy tu comme...