Évariste de Forges de Parny

  • Apprenez, ma belle,
    Qu'à minuit sonnant,
    Une main fidèle,
    Une main d'amant,
    Ira doucement,
    Se glissant dans l'ombre,
    Tourner les verrous
    Qui dès la nuit sombre,
    Sont tirés sur vous.
    Apprenez encore
    Qu'un amant abhorre
    Tout voile jaloux....

  • Le sommeil a touché ses yeux ;
    Sous des pavots délicieux
    Ils se ferment, et son coeur veille.
    A l'erreur ses sens sont livrés.
    Sur son visage par degrés
    La rose devient plus vermeille ;
    Sa main semble éloigner quelqu'un :
    Sur le duvet elle s'agite ;...

  • D'un air languissant et rêveur
    Justine a repris son ouvrage ;
    Elle brode ; mais le bonheur
    Laissa sur son joli visage
    L'étonnement et la pâleur.
    Ses yeux qui se couvrent d'un voile
    Au sommeil résistent en vain ;
    Sa main s'arrête sur la toile,
    Et son...

  • Toujours le malheureux t'appelle,
    Ô nuit, favorable aux chagrins !
    Viens donc, et, porte sur ton aile
    L'oubli des perfides humains.
    Voile ma douleur solitaire ;
    Et, lorsque la main du Sommeil
    Fermera ma triste paupière,
    Ô dieux ! reculez mon réveil ;
    ...

  • Déjà la nuit s'avance, et, du sombre orient,
    Ses voiles par degrés dans les airs se déploient.
    Sommeil, doux abandon, image du néant,
    Des maux de l'existence heureux délassement,
    Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ;
    Et vous, qui nous rendez à nos...

  • Rions, chantons, ô mes amis,
    Occupons-nous à ne rien faire,
    Laissons murmurer le vulgaire,
    Le plaisir est toujours permis.
    Que notre existence légère
    S'évanouisse dans les jeux.
    Vivons pour nous, soyons heureux,
    N'importe de quelle manière.
    Un jour...

  • À Éléonore.

    Enfin, ma chère Éléonore,
    Tu l'as connu ce péché si charmant,
    Que tu craignais, même en le désirant ;
    En le goûtant, tu le craignais encore.
    Eh bien ! dis-moi : qu'a-t-il donc d'effrayant ?
    Que laisse-t-il après lui dans ton âme ?
    Un léger...

  • Oranger, dont la voûte épaisse
    Servit à cacher nos amours,
    Reçois et conserve toujours
    Ces vers, enfants de ma tendresse ;
    Et dis à ceux qu'un doux loisir
    Amènera dans ce bocage,
    Que si l'on mourait de plaisir,
    Je serais mort sous ton ombrage.

  • Rappelez-vous ces jours heureux,
    Où mon coeur crédule et sincère
    Vous présenta ses premiers voeux.
    Combien alors vous m'étiez chère !
    Quels transports ! quel égarement !
    Jamais on ne parut si belle
    Aux yeux enchantés d'un amant ;
    Jamais un objet infidèle...

  • Calme des sens, paisible indifférence,
    Léger sommeil d'un coeur tranquillisé,
    Descends du ciel ; éprouve ta puissance
    Sur un amant trop long-temps abusé.
    Mène avec toi l'heureuse insouciance,
    Les plaisirs purs qu'autrefois j'ai connus,
    Et le repos que je ne...