• D’Aremberg, où vas-tu ? Penses-tu m’échapper ?
    Quoi ! Tandis qu’à Paris on t’attend pour souper,
    tu pars, et je te vois, loin de ce doux rivage,
    voler en un clin d’oeil aux lieux de ton bailliage !
    C’est ainsi que les dieux qu’Homère a tant prônés
    fendaient les vastes airs de leur course étonnés,
    et les fougueux chevaux du fier dieu de la guerre
    ...

  • Lorsque deux rois s’entendent bien,
    que chacun d’eux défend son bien,
    et du bien d’autrui fait ripaille ;
    quand un des deux, roi très-chrétien,
    l’autre, qui l’est vaille que vaille,
    prennent des murs, gagnent bataille,
    et font sur le bord stygien
    voler des pandours la canaille ;
    quand Berlin rit avec Versaille
    aux dépens de l’hanovrien,...

  • Généreux courtisan d’un roi brillant de gloire,
    vous, ministre et témoin de ses vaillants exploits,
    l’emploi d’écrire son histoire
    devient le plus beau des emplois.
    Plus il est glorieux, et plus il est facile ;
    le sujet seul fait tout, et l’art est inutile.
    Je n’ai pas besoin d’ornement,
    je n’ai rien à flatter, et je n’ai rien à taire :
    je dois...

  • enfant du Pinde et de Cythère,
    brillant et sage Algarotti,
    à qui le ciel a départi
    l’art d’aimer, d’écrire, et de plaire,
    et que, pour comble de bienfaits,
    un des meilleurs rois de la terre
    a fait son conseiller de guerre
    dès qu’il a voulu vivre en paix ;
    dans vos palais de porcelaine,
    recevez ces frivoles sons,
    enfilés sans art et...

  • Auguste fille et mère de héros,
    vous ranimez ma voix faible et cassée,
    et vous voulez que ma muse lassée
    comme Louis ignore le repos.
    D’un crayon vrai vous m’ordonnez de peindre
    son coeur modeste et ses brillants exploits,
    et Cumberland, que l’on a vu deux fois
    chercher ce roi, l’admirer, et le craindre.
    Mais des bons vers l’heureux temps est...

  • Dans vos projets étudiés
    joignant la force et l’artifice,
    vous devenez donc un Ulysse,
    d’un Achille que vous étiez.
    Les intérêts de deux couronnes
    sont soutenus par vos exploits,
    et des fiers tyrans du génois
    on vous a vu prendre à la fois
    et les postes et les personnes.
    L’ennemi, par vous déposté,
    admire votre habileté.
    En...

  • Je goûtais dans ma nuit profonde
    les froides douceurs du repos,
    et m’occupais peu des héros
    qui troublent le repos du monde ;
    mais dans nos champs élysiens
    je vois une troupe en colère
    de fiers bretons, d’autrichiens,
    qui vous maudit et vous révère ;
    je vois des français éventés,
    qui tous se flattent de vous plaire,
    et qui sont encore...

  • Vivons pour nous, ma chère Rosalie ;
    que l’amitié, que le sang qui nous lie,
    nous tiennent lieu du reste des humains :
    ils sont si sots, si dangereux, si vains !
    Ce tourbillon qu’on appelle le monde
    est si frivole, en tant d’erreurs abonde,
    qu’il n’est permis d’en aimer le fracas
    qu’à l’étourdi qui ne le connaît pas.
    Après dîner, l’indolente...

  • vous qui de la chronologie
    avez réformé les erreurs ;
    vous dont la main cueillit les fleurs
    de la plus belle poésie ;
    vous qui de la philosophie
    avez sondé les profondeurs,
    malgré les plaisirs séducteurs
    qui partagèrent votre vie ;
    Hénault, dites-moi, je vous prie,
    par quel art, par quelle magie,
    parmi tant de succès flatteurs,
    ...

  • je la verrai cette statue
    que Gêne élève justement
    au héros qui l’a défendue.
    Votre grand-oncle, moins brillant,
    vit sa gloire moins étendue ;
    il serait jaloux à la vue
    de cet unique monument.
    Dans l’âge frivole et charmant
    où le plaisir seul est d’usage,
    où vous reçûtes en partage
    l’art de tromper si tendrement,
    pour modeler ce...