Quand on aura fermé ma bière
Comme ma bouche et ma paupière,
Que l’on inscrive sur ma pierre :
― « Ci-gît le roi du mauvais sort.
« Ce fou dont le cadavre dort
« L’affreux sommeil de la matière,
« Frémit pendant sa vie entière
« Et ne songea qu’au cimetière.
« Jour et nuit, par toute la terre,
« Il traîna son cœur solitaire
« ...
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Ci gist un petit garçonnet
Qui mourut par les mains cruelles
De deux mechantes demoiselles
Sur le chemin de Bagnolet.Mais son trepas fut glorieux
Autant que sa mort fut cruelle,
Puisqu’il mourut devant les yeux
De la princesse la plus belle
Qui fust jamais dessous les cieux. -
Celui qui cy maintenant dort
Fit plus de pitié que d'envie,
Et souffrit mille fois la mort
Avant que de perdre la vie.Passant, ne fais ici de bruit
Garde bien que tu ne l'éveille :
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille. -
Ici donnent, jetés par le flot de la guerre,
D’intrépides soldats, nés sous un ciel plus beau :
Vivants, ils ont porté les fers de l’Angleterre ;
Morts, ce noble pays leur offrit dans sa terre
L’hospitalité du tombeau.Là, toute inimitié s’efface sous la pierre ;
Le dernier souffle éteint la haine dans les cœurs !
Tout rentre dans la paix de... -
Je rêvai qu’une était morte en un pays étrange.
Loin de toute main accoutumée,
Et ils avaient cloué les planches au-dessus de sa face,
Les paysans de ce pays,
Et, émerveillés, ils avaient planté dans sa solitude
Un cyprès et un if.
Je vins et j’écrivis sur une croix de bois
(Un homme n’avait rien de mieux à faire) :
« Elle...(écrit après la Saint-Barthélemy)
Pauvres Cors où logeoyent ces esprits turbulans,
Naguieres la terreur des Princes de la terre,
Mesmes contre le ciel osans faire la guerre,
Deloiaux, obstinez, pervers et violans :
Aujourdhuy le repas des animaux volans
Et rampans charogniers, et de ces vers qu'enserre
La puante voirie, et du peuple qui erre...Au temps où les buissons flambent de fleurs vermeilles,
Quand déjà le bout noir de mes longues oreilles
Se voyait par-dessus les seigles encor verts,
Dont je broutais les brins en jouant au travers,
Un jour que, fatigué, je dormais dans mon gîte,
La petits Margot me surprit. Je m'agite,
Je veux fuir. Mais j'étais si faible, si craintif !
Elle me tint...Si la mort n'est que séparation
D'âme et de corps, et que la connaissance
De Dieu s'acquiert par élévation
D'esprit, laissant corporelle alliance,
Entre la mort et vie différence
De Marguerite aucune ne peut être,
Sinon que, morte, a parfaite science
De ce que, vive, eût bien voulu connaître.Ci-gît qu'on aima comme quatre,
Qui n'eut ni force ni vertu,
Et qui fut soldat sans se battre,
Et poète sans être battu.