•  
    I

    Dans les promenades publiques,
    Les beaux dimanches, on peut voir
    Passer, troupes mélancoliques,
    Des petites filles en noir.

    De loin, on croit des hirondelles :
    Robes sombres et grands cols blancs ;
    Et le vent met des frissons d’ailes
    Dans les légers camails tremblants.

    Mais quand, plus près des écolières,
    On les voit se...

  • Ils vont pieds nus le plus souvent. L’hiver
    Met à leurs doigts des mitaines d’onglée.
    Le soir, hélas ! ils soupent du grand air,
    Et sur leur front la bise échevelée
    Gronde, pareille au bruit d’une mêlée,
    A peine un peu leur sort est adouci
    Quand avril fait la terre consolée :
    Ayez pitié des Enfants sans souci.

    Ils n’ont sur eux que le manteau du...

  • XX

    Regardez : les enfants se sont assis en rond.
    Leur mère est à coté, leur mère au jeune front
    Qu’on prend pour une sœur aînée ;
    Inquiète, au milieu de leurs jeux ingénus,
    De sentir s’agiter leurs chiffres inconnus
    Dans l’urne de...

  • Sous bois, dans le pré vert dont il a brouté l'herbe,
    Un grand bouc est couché, pacifique et superbe.
    De ses cornes en pointe, aux noeuds superposés,
    La base est forte et large et les bouts sont usés ;
    Car le combat jadis était son habitude.
    Le poil, soyeux à l'oeil, mais au toucher plus rude,
    Noir tout le long du dos, blanc au ventre, à flots fins
    ...

  • Bonsoir, chère Évohé. Comment vous portez-vous ?
    Vous arrivez bien tard ! Comme vos yeux sont doux
    Ce soir ! deux lacs du ciel ! et la robe est divine.
    Quel écrin ! vous aimez Diaz, on le devine.
    Vos poignets amincis sortent comme des fleurs
    De cette mousseline aux replis querelleurs ;
    Ce col simple est charmant, ce chapeau de peluche
    Blanche, ce tour...

  • ...Sous les arbres de nard, d'aloès et de baume,
    Chaque souffle de l'air, dans ce flottant royaume,
    Est un enfant qui vole, un enfant qui sourit
    Au doux lait virginal dont le flot le nourrit ;
    Un enfant, chaque fleur de la sainte corbeille ;
    Chaque étoile, un enfant ; un enfant, chaque abeille.
    Le fleuve y vient baigner leurs groupes triomphants ;
    L'...

  • Comme petits enfants d'une larve outrageuse,
    D'un fantôme, ou d'un masque, ainsi nous avons peur,
    Et redoutons ta mort, la concevant au coeur
    Telle comme on la fait, hâve, triste, et affreuse :

    Comme il plaît à la main ou loyale, ou trompeuse
    Du graveur, du tailleur, ou du peintre flatteur
    La nous représenter sur un tableau menteur,
    Nous l'...

  • Voici le rendez-vous des Enfants sans souci,
    Que pour me divertir quelquefois je fréquente.
    Le maître a bien raison de se nommer La Plante
    Car il gagne son bien par une plante aussi.

    Vous y voyez Bilot, pâle morne et transi,
    Vomir par les naseaux une vapeur errante ;
    Vous y voyez Sallard chatouiller la servante
    Qui rit du bout du nez en portrait...

  • Travaillez, prenez de la peine :
    C'est le fonds qui manque le moins.
    Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
    Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
    Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
    Que nous ont laissé nos parents.
    Un trésor est caché dedans.
    Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
    Vous le fera trouver, vous en...

  • Toute puissance est faible, à moins que d'être unie.
    Ecoutez là-dessus l'esclave de Phrygie.
    Si j'ajoute du mien à son invention,
    C'est pour peindre nos moeurs, et non point par envie ;
    Je suis trop au-dessous de cette ambition.
    Phèdre enchérit souvent par un motif de gloire ;
    Pour moi, de tels pensers me seraient malséants.
    Mais venons à la Fable ou plutôt à...