• Enfant, on vous dira plus tard que le grand-père
    Vous adorait ; qu’il fit de son mieux sur la terre,
    Qu’il eut fort peu de joie et beaucoup d’envieux,
    Qu’au temps où vous étiez petits il était vieux,
    Qu’il n’avait pas de mots bourrus ni d’airs moroses,
    Et qu’il vous a quittés dans la saison des roses ;
    Qu’il est mort, que c’était un bonhomme clément ;...

  • O le clair matin, la belle gelée !
    Un soleil d’argent sur la plaine blanche
    Verse une clarté frileuse et voilée :
    On sonne la messe à toute volée :
    O la bonne bise, ô le beau dimanche !

    Sur les arbres morts aux ramures nues
    En fins diamants resplendit le givre.

    L’azur froid scintille à travers les nues,
    Voilà mes gaîtés soudain revenues
    ...

  •  
    Vents qui secouez les brandies pendantes
    Des sapins neigeux au front blanchissant ;
    Qui mêlez vos voix aux notes stridentes
    Du givre qui grince aux pieds, du passant ;

    Nocturnes clameurs qui montez des vagues,
    Quand l’onde glacée entre en ses fureurs ;
    Bruits sourds et confus, rumeurs, plaintes vagues
    Qui troublez du soir les saintes horreurs...

  • Songes-tu parfois, bien-aimée,
    Assise près du foyer clair,
    Lorsque sous la porte fermée
    Gémit la bise de l'hiver,

    Qu'après cette automne clémente,
    Les oiseaux, cher peuple étourdi,
    Trop tard, par un jour de tourmente,
    Ont pris leur vol vers le Midi ;

    Que leurs ailes, blanches de givre,
    Sont lasses d'avoir voyagé ;
    Que sur le...

  • Enfant, on vous dira plus tard que le grand-père
    Vous adorait ; qu'il fit de son mieux sur la terre,
    Qu'il eut fort peu de joie et beaucoup d'envieux,
    Qu'au temps où vous étiez petits il était vieux,
    Qu'il n'avait pas de mots bourrus ni d'airs moroses,
    Et qu'il vous a quittés dans la saison des roses ;
    Qu'il est mort, que c'était un bonhomme clément ;
    ...

  • Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
    Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
    Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
    Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.

    Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
    Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
    Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,...

  • La tempête a cessé. L'éther vif et limpide
    A jeté sur le fleuve un tapis d'argent clair,
    Où l'ardent patineur au jarret intrépide
    Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.

    La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
    Bravant sous les peaux d'ours les morsures de l'air,
    Au son des grelots d'or de son cheval rapide,
    À nos yeux éblouis passe comme...