Louis-Honoré Fréchette

  • C'est la fenaison ; personne ne chôme.
    Dès qu'on voit du jour poindre les blancheurs,
    En groupes épars, les rudes faucheurs
    Vont couper le foin au sauvage arome.

    Au bord des ruisseaux, d'indolents pêcheurs
    Des saules pensifs dorment sous le dôme ;
    Et, le...

  • Robuste, et largement appuyé sur sa base,
    Le colosse trapu s'avance au sein des flots ;
    Sur son flanc tout couvert de pins et de bouleaux
    Un nuage s'étend comme un voile de gaze.

    Sur son vaste sommet, de merveilleux tableaux
    Se déroulent devant le regard en extase...

  • La tempête a cessé. L'éther vif et limpide
    A jeté sur le fleuve un tapis d'argent clair,
    Où l'ardent patineur au jarret intrépide
    Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.

    La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
    Bravant sous les peaux d'ours les...

  • Jours de deuil ! Plus de nids sous le feuillage vert ;
    Les chantres de l'été désertent nos bocages ;
    On n'entend que le cri de l'oiseau dans les cages,
    Avec les coups de bec sonores du pivert.

    De jaunissants débris le gazon s'est couvert ;
    Les grands boeufs...

  • L'eau qui se précipite en énorme volume,
    Heurtant l'angle des rocs sur leur base tremblants,
    Avec de longs cris sourds roule en tourbillons blancs
    C'est le fleuve qui prend sa course dans la brume.

    Comme un cheval fougueux dont on saigne les flancs,
    Il se cabre...

  • Pittoresque manoir, retraite hospitalière
    Où Papineau vaincu coula ses derniers jours,
    J'aime à revoir tes murs, ta terrasse, tes tours
    Secouant au soleil leur panache de lierre.

    Qui suit de tes sentiers la courbe irrégulière,
    En s'égarant sous bois, s'imagine...

  • A Mme J.R. Thibaudeau

    Madame, dans la longue et brillante série
    Des bonheurs radieux que Dieu vous a donnés,
    Vous avez, comme nous, des moments fortunés,
    Plus ou moins caressants pour votre âme attendrie.

    Or l'instant le plus beau - minute, heure fleurie...

  • Enfant de M. Chs Langelier

    Enfant, sous les langes de toile
    Dont s'enveloppe ton sommeil,
    Dis-nous, à ton premier réveil,
    Le doux mystère qui te voile.

    Dis, quelque chérubin vermeil
    T'a-t-il apporté dans son voile ?
    Es-tu le reflet d'une étoile...

  • O frais miroir ! Sa nappe humide se découpe
    Dans les sables un lit paisible au creux d'un val ;
    Des montagnes lui font un cadre sans rival,
    Et dans son flot dormant doublent leur ronde croupe.

    Sur la rive, un balcon d'aspect oriental
    Emerge d'un massif d'érables...

  • Les feuilles des bois sont rouges et jaunes ;
    La forêt commence à se dégarnir ;
    L'on se dit déjà : l'hiver va venir,
    Le morose hiver de nos froides zones.

    Sous le vent du nord tout va se ternir...
    Il ne reste plus de vert que les aulnes,
    Et que les sapins dont...