• La neige est belle. Ô pâle, ô froide, ô calme vierge,
    Salut ! Ton char de glace est traîné par des ours,
    Et les cieux assombris tendent sur son parcours
    Un dais de satin jaune et gris couleur de cierge.

    Salut ! dans ton manteau doublé de blanche serge,
    Dans ton jupon flottant de ouate et de velours
    Qui s'étale à grands plis immaculés et lourds,
    Le...

  • Ainsi, ma douce guerrière
    Mon coeur, mon tout, ma lumière,
    Vivons ensemble, vivons
    Et suivons

    Les doux sentiers de la jeunesse :
    Aussi bien une vieillesse
    Nous menace sur le port,
    Qui, toute courbe et tremblante,
    Nous entraîne chancelante
    La maladie et la mort.

  • Cloris, que dans mon temps j'ai si longtemps servie
    Et que ma passion montre à tout l'univers,
    Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie
    Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?

    N'oppose plus ton deuil au bonheur où j'aspire.
    Ton visage est-il fait pour demeurer voilé ?
    Sors de ta nuit funèbre, et permets que j'admire
    Les divines clartés...

  • Ce fut un beau souper, ruisselant de surprises.
    Les rôtis, cuits à point, n'arrivèrent pas froids ;
    Par ce beau soir d'hiver, on avait des cerises
    Et du johannisberg, ainsi que chez les rois.

    Tous ces amis joyeux, ivres, fiers de leurs vices,
    Se renvoyaient les mots comme un clair tambourin ;
    Les dames, cependant, suçaient des écrevisses
    Et se lavaient...

  • Ma belle languissait dans sa funeste couche
    Où la mort ces beaux yeux de leurs traits désarmait,
    Et le feu dans sa moëlle allumé consumait
    Les lys dessus son front, les roses sur sa bouche.

    L'air paraissait autour tout noir des nuits funèbres
    Qui des jours de la vie éteignent le flambeau
    Elle perdait déjà son corps dans le tombeau,
    Et sauvait dans...

  • Mais je suis belle d'être aimée,
    Vous m'avez donné la beauté,
    Jamais ma robe parfumée
    Sur la feuille ainsi n'a chanté,
    Jamais mon pas n'eut cette grâce
    Et mes yeux ces tendres moiteurs
    Qui laissent les hommes rêveurs
    Et les fleurs même, quand je passe.

  • Le silence régnait sur la terre et sur l'onde,
    L'air devenait serein et l'Olympe vermeil,
    Et l'amoureux Zéphire affranchi du sommeil
    Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.

    L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde,
    Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
    Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
    Qu'il soit jamais venu pour éclairer le...

  • L'étoile de Vénus si brillante et si belle,
    Annonçait à nos yeux la naissance du jour,
    Zéphire embrassait Flore, et soupirant d'amour,
    Baisait de son beau sein la fraîcheur éternelle.

    L'Aurore allait chassant les ombres devant elle,
    Et peignait d'incarnat le céleste séjour,
    Et l'astre souverain revenant à son tour,
    Jetait un nouveau feu dans sa course...

  • Oh ! Votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
    Suivant les passions et les rhythmes divers,
    Puis, s'échappant soudain légère et cadencée,
    Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !

    Moi - j'écoutais - perdu dans de lointains concerts,
    Ma pauvre poésie à vos lèvres bercée :
    Heureux de voir glisser mon âme et ma pensée
    Dans votre souffle ardent...

  • La Belle au Bois dormait. Cendrillon sommeillait.
    Madame Barbe-bleue ? elle attendait ses frères ;
    Et le petit Poucet, loin de l'ogre si laid,
    Se reposait sur l'herbe en chantant des prières.

    L'Oiseau couleur-du-temps planait dans l'air léger
    Qui caresse la feuille au sommet des bocages
    Très nombreux, tout petits, et rêvant d'ombrager
    Semaille,...